Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 12.djvu/505

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
501
COURS D’HISTOIRE ANCIENNE.

tiennes, tous les personnages indistinctement ont de longs yeux fendus en amande.

Quant aux Hébreux captifs en Égypte que M. Lenormant a retrouvés dans les peintures des grottes sépulcrales de l’Heptanomide, ou Égypte moyenne, ils ne sont autre chose que le résultat d’une méprise. Ce tableau représente une petite caravane de namou armés, conduisant avec eux leurs femmes, leurs enfans, et plusieurs ânes chargés. Dans la légende explicative, M. Lenormant a cru voir qu’il était question de surveillans et de captifs ; il en a conclu, malgré les armes qu’ils portent, que ce sont des namou à l’état d’ilotisme, et que, par conséquent, il y a toute raison de les regarder comme des Hébreux. Mais le groupe hiéroglyphique dans lequel il voit des surveillans, donne à la lecture un mot dont l’analogue dans la langue égyptienne signifie marchand. Quant au symbole de captivité dont le nom de ces marchands est accompagné, il nous rappelle la précaution prise par les frères de Joseph quand ils vinrent habiter l’Égypte. D’après le conseil de Joseph, ils s’annoncèrent comme ayant toujours été les esclaves du roi. Les prétendus ilotes ne sont donc autre chose, selon toute apparence, qu’une de ces caravanes de marchands qui, dans tous les temps, sont allés vendre aux Égyptiens les produits de l’Asie. Cela étant, peu nous importe la date du tableau et celle du roi Osortasen, qui s’y trouve mentionné. Quand je dis Osortasen, c’est peut-être Osorthon que je devrais dire, car les papyrus bilingues du musée de Leyde nous montrent le t suivi d’un s dans l’écriture égyptienne, rendu fréquemment par le th grec.

Je n’ai point la prétention d’avoir signalé tout ce qu’il y a de neuf dans le livre de M. Lenormant. Il eût fallu m’étendre outre mesure ; il m’eût fallu citer ces noms propres du chapitre x de la Genèse, qui, ne trouvant aucun analogue dans les noms des peuples connus, deviennent « une preuve de la haute antiquité du texte. » Tous ces noms, en effet, ont dû représenter des populations célèbres. M. Lenormant attache, dit-il, une importance décisive à ce genre de démonstration. Il m’eût fallu montrer le jeune professeur retrouvant sur les plus anciennes peintures de la Grèce le type inconnu des Phéniciens. En effet, si les Grecs ont, comme on l’assure, reçu des Phéniciens l’art du dessin, ils ont dû, suivant M. Lenormant, retracer dans leurs premiers essais des figures phéniciennes. Mais j’ai trop dépassé déjà les bornes que je m’étais proposées. En voilà assez pour le fond.

Quant à la forme, n’en parlons point. Ce n’est pas qu’elle soit moins