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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 12.djvu/596

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DE L’ÉTAT ACTUEL
DE
L’ART RELIGIEUX
EN FRANCE.

« L’étude des monumens religieux a ranimé parmi nous le sentiment et le goût de l’art chrétien. Ce sentiment a bientôt tourné au profit du christianisme lui-même. En apprenant à comprendre, à admirer nos églises, on est devenu presque juste, presque affectueux pour la foi qui les a élevées. C’est là un retour un peu futile vers la religion, retour sincère cependant, et qu’il ne faut pas dédaigner. L’art rend ainsi aujourd’hui à la religion quelque chose de ce qu’il en a reçu jadis[1]. » Ainsi parlait, il y a peu de temps, dans une occasion solennelle, l’ancien ministre de l’instruction publique. Ces paroles expriment avec noblesse une vérité généralement, mais vaguement sentie. Plus que personne leur auteur a contribué à ramener en France le sentiment de l’art religieux, d’abord par le nouveau jour qu’il a jeté sur l’histoire des temps où cet art naquit, et ensuite par ses généreux efforts, pendant qu’il était au pouvoir, pour sauver et populariser les débris de notre ancienne gloire artistique. Un immense changement s’est opéré dans les esprits depuis le temps où nous nous sentions excité à élever une voix humble, inconnue et presque solitaire, contre les Vandales de diverses espèces qui dévastaient les monumens de notre foi et de notre histoire[2]. En peu d’années tout a changé

  1. Discours de M. Guizot à la société des Antiquaires de Normandie, en août 1837.
  2. Du Vandalisme en France. — Revue des Deux Mondes du 15 mars 1833.