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pigeon aux ailes d’argent porte un collier d’anémones. Mais dans le chœur, autour de l’autel érigé par Horberg, s’étend une longue guirlande. Les blondes têtes des anges se montrent à travers ce toit de verdure comme le soleil à travers les nuages. »

Au son des cloches, les enfans arrivent deux à deux dans l’église et se rangent le long de la nef. Le chant des psaumes retentit sous les voûtes du temple ; un sentiment pieux pénètre dans le cœur de tous les assistans. Puis le pasteur monte en chaire, il s’adresse à sa communauté, et il lui parle avec douceur, avec onction. Il lui parle des vertus qui doivent nous contenir dans ce monde et du repos qui nous attend dans l’autre ; il lui parle de la force que donne la foi, des joies de l’amour et de l’espérance. Quand il voit les auditeurs émus et pénétrés de cet enseignement du christianisme, il étend les mains sur eux, les bénit, et leur donne le sacrement qu’ils ont demandé. Tout ce sermon du prêtre est charmant, et cette idylle de Tegner est l’une des plus belles productions poétiques que la littérature du Nord ait vue apparaître dans ces derniers temps.

Axel est un de ces romans chevaleresques et aventureux tels qu’on en a fait beaucoup à la fin du moyen-âge. Le fond du poème n’est rien. Tegner n’a pas eu sans doute grand’peine à composer cette fable d’amour ; mais chacun des détails dans lesquels il est entré est d’une grâce parfaite. Chacune de ses descriptions est comme une de ces jolies vignettes qu’un maître habile a dessinées avec art et coloriées avec soin, et toute cette composition est un exemple remarquable du charme que le poète peut donner à une œuvre d’une portée ordinaire par l’élégance de la forme et le choix de l’expression. Les compatriotes de Tegner aiment beaucoup ce roman d’Axel ; il a d’ailleurs pour eux un intérêt national. Il appartient à l’histoire de Charles XII. L’introduction du poème est un hommage rendu à la mémoire de ce soldat intrépide, qui apparaît toujours aux yeux des paysans suédois avec une stature de géant et une auréole de gloire.

« J’aime les anciens jours, les anciens jours de Charles XII, car ils étaient joyeux comme la paix du cœur et forts comme la victoire. Dans nos contrées du Nord, un reflet de cette époque apparaît encore à la surface du ciel, et de grandes et majestueuses figures, portant un ceinturon jaune et un habit bleu, montent et descendent dans le crépuscule du soir. Je vous regarde avec respect, héros d’un monde meilleur, avec vos longues épées et vos armures de combat.

« Dans ma jeunesse, j’ai connu un homme du temps de Charles. Il était resté sur la terre comme un signe de victoire au milieu des