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cies par la tempête ; plus d’une fleur s’est flétrie sur ces bords. Mais le nuage s’en est allé, le ciel est redevenu bleu, et la rivière a repris son cours paisible.

Esaïe Tegner est né le 13 novembre 1782, dans la province de Vermeland. Son père était pasteur à Millesvik. En 1799, Tegner entra à l’université de Lund. C’est là qu’il étudie, c’est là qu’il prend ses grades et qu’il devient successivement adjoint à la bibliothèque, maître en philosophie faisant des cours sur l’esthétique, secrétaire de la faculté de philosophie, professeur-adjoint, et, en 1810, professeur ordinaire. Il enseignait la littérature grecque et se faisait remarquer par la justesse de ses aperçus et la grâce de sa diction. En 1812, il obtint une prébende, en vertu de cette loi universitaire qui accorde des presbytères aux professeurs de Lund et d’Upsal. Il se fit consacrer prêtre ; il reçut le diplôme de docteur en théologie, et, en 1824, il fut nommé évêque à Vexiœ. Maintenant ses devoirs de prélat absorbent toutes ses pensées. On le prie depuis long-temps de continuer la publication de ses œuvres, qu’il a commencée en 1828, et il n’a pas encore pu s’y décider. Au lieu d’écrire des vers, il écrit des homélies ; au lieu de faire imprimer ses poésies inédites, il visite les écoles de son diocèse. Il est fier et heureux de sa mission de prêtre, comme il l’était autrefois de ses lauriers académiques. Je lui demandai si depuis qu’il était évêque il n’avait rien composé. « Non me dit-il avec un sourire de satisfaction, mais j’ai consacré vingt églises et prononcé vingt discours devant des assemblées de paysans.»

Heureux celui qui, après avoir dévoué sa vie de jeune homme aux rêves d’or de la poésie, peut reposer ainsi sa vieillesse dans l’enceinte du temple, dans les joies de la religion !


X. Marmier.