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LA VALACHIE ET LA MOLDAVIE.

maux plus supportables. Il y a un peu plus de sérieux chez les Moldaves ; mais, pour le Valaque, je ne sais quelle gaze transparente et colorée recouvre tous les objets. Entre une mazurka et une contredanse, vous ferez de lui ce que vous voudrez. Cire molle entre les mains de l’homme politique, il n’attend que la volonté puissante qui doit le transformer. La politique française l’occupe beaucoup, mais comme mode ; un journal français le charme ; le lire est de bon ton ; les femmes élégantes en font une nécessité du boudoir. Les débats sur la loi électorale et sur l’expropriation forcée sont parcourus avec un plaisir égal ; on y prend le même intérêt qu’à un compte rendu des courses de Chantilly ou d’une partition de Meyerbeer. La paresse imputée aux Valaques peut avoir quelque vraisemblance pour les esprits frivoles. Une détestable organisation sociale et politique exerce sur la Valachie la même influence que sur l’Espagne et l’Italie, florissantes il y a quelques siècles. Donnez à ce pays des institutions, la faculté de développer son énergie industrielle, et vous y verrez éclore l’activité et l’esprit d’entreprise.

Consultons l’histoire ; c’est à elle qu’il faut demander compte de l’empreinte spéciale que les faits accomplis ont laissée sur le caractère national.

La Valachie et la Moldavie ne sont, comme on le sait, qu’un démembrement de l’ancienne Dacie. Sous l’empereur Auguste, les armes romaines se heurtèrent, pour la première fois, contre les armes des Daces[1]. Domitien régnait quand eurent lieu les excursions de ces derniers dans les possessions romaines, situées au-delà du Danube ; il marcha contre les barbares, et voulut mettre un terme à leurs ravages. L’empereur fut vaincu[2]. Il fallut demander la paix au chef des Daces, Decébale, et lui payer tribut, sous titre de pension[3]. Ce tribut fut payé par les Romains

  1. Voyez Apianus Alexandrinus, Bibl. de Bellis Illyricis. Dio Cassius, Hist. rom., lib. li, cap. xxii et xxvi.
  2. Et à Dacis Appius Sabinus consularis et Cornelius Fuscus, cum magnis exercitibus occisi sunt. Eutropius, Vita Domitiani.
  3. Interim Quados et Marcomannos ulcisci volens quod contra Dacos nulla sibi subsidia misissent, in Pannoniam venit, bellum eis illaturus… Victus autem à Marcomannis et in fugam conjectus, celeriter ad Decebalum Dacorum regem nuntios misit et ad pacem tunc invitavit, quam sæpius ante petenti non dederat… Sed ad pacem obtinendam de suo quoque fecit imperio, quum magnam, non solum pecuniæ vim, sed opifices peritos