Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/410

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
406
REVUE DES DEUX MONDES.

d’écolier. » À la fin de 1802, MM. Delambre et Villar, chargés d’organiser les lycées dans cette partie de la France, vinrent à Bourg, et M. Ampère trouva dans M. Delambre le juge qu’il désirait et un appui efficace. Le mémoire sur la Théorie mathématique du jeu, alors imprimé, donna au savant examinateur une première idée assez haute du jeune mathématicien. Un autre mémoire sur l’Application à la mécanique des formules du calcul des variations, composé en très peu de jours à son intention, et qu’il entendit dans une séance de la Société d’émulation, ajouta à cette idée. Le nouveau mémoire que nous venons de mentionner, et qui eut aussi toutes ses vicissitudes (particulièrement une certaine aventure de charrette, sur le grand chemin de Bourg à Lyon, et dans laquelle il faillit être perdu), copié enfin au net, fut porté à Paris par M. de Jussieu, et remis aux mains de M. Delambre, revenu de sa tournée. Celui-ci le présenta à l’Institut, et le fit lire à M. de Laplace. Cependant M. Ampère, nommé professeur de mathématiques et d’astronomie, avait passé, selon son désir, au lycée de Lyon.

Mais d’autres événemens non moins importans, et bien contraires, s’étaient accomplis dans cet intervalle. Au milieu de ses travaux continus, de ses leçons à l’École centrale, et des leçons particulières qu’il y ajoutait, on se figurerait difficilement à quel point allait la préoccupation morale, la sollicitude passionnée qui remplissait ses lettres de chaque jour. Il écrit régulièrement par chaque voyage du messager, la poste étant trop coûteuse. Ces détails d’économie, de tendresse, l’avarice où il est de son temps, l’effusion de ses souvenirs et de ses inquiétudes, l’espoir, dans lequel il vit, d’aller à Lyon à quelque courte vacance de Pâque, tout cela se mêle, d’une bien piquante et touchante façon, à son mémoire de mathématiques, au récit de ses expériences chimiques, aux petites maladresses qui parfois y éclatent, aux petites supercheries, dit-il, à l’aide desquelles il les répare. Mais il faut citer la promenade entière d’un de ses grands jours de congé : dans le commencement de la lettre, il vient de s’écrier comme un écolier : Quand viendront les vacances !


« … J’en étais à cette exclamation quand j’ai pris tout à coup une résolution qui te paraîtra peut-être singulière. J’ai voulu retourner avec le paquet de tes lettres dans le pré, derrière l’hôpital, où j’avais été les lire avant mes voyages de Lyon, avec tant de plaisir. J’y voulais retrouver de