pour plusieurs, pour les Jussieu, pour Euler, par exemple. Quant au grand Haller, il est nécessaire de lire le journal de sa vie pour découvrir sa lutte perpétuelle et ses combats sous cette apparence calme qu’on lui connaissait : il s’est presque autant tourmenté que Pascal. M. Ampère était de ceux-ci, de ceux que l’épreuve tourmente, et quoique sa foi fût réelle, et qu’en définitive elle triomphât, elle ne resta ni sans éclipses ni sans vicissitudes. Je lis dans une lettre de ce temps :
Il faudrait le verbe de Pascal ou de Bossuet pour triompher pertinemment de cet homme de génie qui se noie, nous dit-il, en sa pensée comme en son crachat. Je trouve encore quelques endroits qui dénotent un retour pratique : « Je finis cette lettre parce que j’entends sonner une messe où je veux aller demander la guérison de ma Julie. » Et encore : « Je veux aller demain m’acquitter de ce que tu sais et prier pour vous deux. » — Ainsi vivant en attente, aspirant toujours à la réunion avec sa femme, il n’en voyait le moyen que dans sa nomination au futur lycée de Lyon, et s’écriait : « Ah ! lycée, lycée, quand viendras-tu à mon secours ? »
Le lycée vint, mais sa femme, au terme de sa maladie, se mourait. Les dernières lignes du journal parleront pour moi, et mieux que moi :