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électro-dynamiques, page 131, où l’on a ramené à un principe unique des phénomènes considérés auparavant comme dus à des causes absolument différentes, ont été presque toujours accompagnées de la découverte de nouveaux faits, parce qu’une nouvelle manière de concevoir les causes suggère une multitude d’expériences à tenter, d’explications à vérifier. C’est ainsi que la démonstration donnée par Volta, de l’identité du galvanisme et de l’électricité, a été accompagnée de la construction de la pile, et suivie de toutes les découvertes qu’a enfantées cet admirable instrument. » Ces réflexions de M. Ampère s’appliquent parfaitement à ses propres travaux. À peine eut-il saisi, par le calcul, la loi des nouveaux phénomènes, signalés, pour la première fois, par M. Œrsted, que deux observations, de la plus haute importance, vinrent accroître la science, et récompenser magnifiquement les efforts du physicien français.

M. Œrsted avait vu qu’un courant électrique exerce une action sur l’aiguille aimantée ; M. Ampère pensa qu’une action semblable devait être exercée par deux courans électriques, de l’un sur l’autre. Ce n’était nullement une conséquence nécessaire et forcée de la découverte de M. Œrsted, car on sait qu’un barreau de fer doux, qui agit sur l’aiguille aimantée, n’agit pas cependant sur un autre barreau de fer doux. Il se pouvait que le courant électrique fut, comme le barreau de fer, incapable d’agir sur un autre courant, tout en ayant une influence constante sur l’aiguille magnétique. Ce sujet de doute n’en était pas un pour M. Ampère, dont l’esprit systématique avait vu dès le premier abord (le fait de M. Œrsted étant reconnu) la nécessité de celui qu’il cherchait à son tour. Mais il fallait le démontrer par l’expérience, seule capable en ceci de lever toutes les incertitudes. M. Ampère ne se montra pas moins ingénieux dans l’établissement de l’appareil nécessaire à sa démonstration, qu’il ne s’était montré doué d’une sagacité pénétrante en devinant le phénomène qui allait s’accomplir sous ses yeux. Il s’agissait de rendre un courant électrique mobile ; il le rendit mobile ; et quand toutes les conditions de l’expérience furent établies, quand l’électricité circula dans les deux fils qu’il avait mis en présence, celui auquel une disposition ingénieuse avait permis de changer de position, obéit à la force qui le sollicitait, et vint prendre la direction que les prévisions de M. Ampère lui