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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/464

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REVUE DES DEUX MONDES.

Utrecht est une grande et belle ville de trente à trente-cinq mille ames. Elle est déjà plus élevée que toutes celles que je viens de parcourir, et l’air y est plus pur et plus vif. J’avoue qu’en quittant Amsterdam j’ai rencontré avec plaisir une ville où j’ai pu respirer tout à mon aise, avec un peu de danger peut-être pour ma poitrine, mais avec sécurité pour mon odorat.

J’ai beaucoup à faire ici. J’y veux voir, pour l’instruction primaire, une école française que l’on m’a beaucoup vantée ; l’école latine, qui passe pour la meilleure de la Hollande ; l’Université, et M. Van Heusde. Aussi, tandis que mon excellent guide, M. Schreuder, va prévenir de notre arrivée les personnes qu’il nous importe de connaître, nous montons sur la célèbre tour d’Utrecht pour nous donner le spectacle de la ville et de ses environs. Utrecht est assise sur deux bras du Rhin qui la traversent dans toute sa longueur et y forment deux lignes de quais plantés d’arbres, comme tous les quais de la Hollande. Les anciens remparts ont fait place à de charmantes promenades. Point de monumens importans, excepté l’Hôtel-de-Ville et la cathédrale, dont faisait partie la tour sur laquelle nous sommes établis. Il ne reste de cette cathédrale que le chœur et la croix. La partie de la nef qui était adossée à la tour a été renversée dans une tempête. Cette tour servait probablement de portail. À côté était le palais de l’évêque, et derrière le chœur, le cloître d’un couvent devenu le bâtiment de l’université. Toutes ces parties, liées entre elles, formaient un édifice immense. Je me félicite presque qu’il n’y ait pas un plus grand nombre de curiosités remarquables à Utrecht, pour pouvoir m’occuper sans distraction de l’objet de mon voyage.

Utrecht possède une ou deux écoles de pauvres, plusieurs écoles où on paie quelque chose (Tuschen-schoole), et quelques écoles françaises privées. Dans ces derniers temps, la commission des écoles de la ville a eu l’heureuse idée de fonder une école française publique dans le genre de l’école moyenne de La Haye, une véritable Burger-schule allemande, une école primaire supérieure, que pussent fréquenter les enfans des plus honorables familles, et où l’instruction fut meilleure et plus étendue que dans les écoles françaises particulières. C’est la commission elle-même qui a établi cette école à l’aide d’une souscription formée dans son sein, et avec un secours donné par le conseil municipal. C’est donc réelle-