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nase, un collége ; c’est de préparer à l’instruction supérieure, à l’université. En effet, on n’apprend pas les mathématiques et les langues savantes pour n’en rien faire, mais dans le dessein de se mettre par ce moyen en état d’embrasser les professions pour lesquelles ces diverses connaissances sont nécessaires. Si ce principe est incontestable, il doit servir à constituer l’instruction secondaire et le collége.

Supposez un collége où par exemple on n’enseigne que les mathématiques, la chimie, la physique, l’histoire naturelle et les langues vivantes. Ce collége ne prépare point à l’université : il ne prépare tout au plus qu’à la faculté de médecine. Mais, dans ce cas, où iront s’instruire ceux qui à l’université veulent suivre la faculté de jurisprudence ou quelque autre faculté ? Il leur faudra donc un collége spécial. Mais ces colléges spéciaux auraient l’inconvénient de former d’avance de futurs médecins qui seraient incapables de lire dans leur langue Gallien, Celse, Boerhave, Stahl, etc., et des jurisconsultes qui n’auraient pas la moindre notion des lois de la nature. Il s’ensuit que le collége, pour préparer aux différentes facultés, doit contenir des enseignemens divers, littéraires et scientifiques. Je repousse donc à la fois, ainsi que M. Cuvier[1], d’une part, une instruction secondaire privée qui n’enseignerait pas le grec et le latin, et de l’autre, une instruction secondaire publique qui n’enseignerait que le grec et le latin, et n’enseignerait ni les mathématiques, ni l’histoire et la géographie, ni les principales langues de l’Europe, et je demande une instruction secondaire publique et privée, des instituts particuliers et des gymnases, qui réunissent tous ces enseignemens. C’est à peu près là le système français ; c’est tout-à-fait le système prussien[2] ; la loi hollandaise de 1815 y est plus ou moins entrée.

Ce système posé, je me permets d’attaquer le titre d’école latine. Ce titre était parfaitement vrai jadis, quand, dans l’école latine, on n’enseignait que les études classiques ; mais, si on y enseigne encore autre chose, ce titre est faux, et la persistance du titre est très propre à retenir l’enseignement dans ses anciennes limites.

  1. Rapport, etc., p. 61, etc.
  2. Mémoire sur l’instruction secondaire en Prusse, 2e  édit., 1837 ; p. 9-11 et p. 141.