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ces colléges tant vantés ? une génération de beaux-esprits superficiels.

Je ne puis pas non plus approuver sans réserve un autre point essentiel de l’organisation de l’école latine d’Utrecht ; je veux parler des maîtres attachés à telle ou telle branche d’enseignement, et la suivant dans toutes les classes, au lieu d’enseigner dans une seule les diverses branches de connaissances que cette classe comprend. J’accorde cela pour les mathématiques, pour les sciences physiques, pour les langues modernes, pour l’histoire même, comme nous l’avons fait chez nous, peut-être avec plus d’inconvéniens que d’avantages. Mais, pour tout le reste, je n’admets pas qu’on doive confier à un maître la poésie latine, à un autre la prose, à un autre le grec, etc. Mon objection radicale contre ce système est le défaut d’une autorité unique, permanente, continue dans une classe. Ensuite, comment abandonner un élève, depuis la sixième jusqu’à la première, pour une branche importante d’études, à un seul et même professeur, qui, s’il est mal choisi, ou s’il se néglige, ou s’il se fatigue, ruine cette branche d’études depuis le commencement jusqu’à la fin, et pendant les cinq ou six ans de l’école ! Cette pratique est encore imitée des colléges des jésuites, où le professeur de sixième montait, d’année en année, dans les classes supérieures, de manière à suivre ses élèves dans toutes les classes et dans tout le cours de leurs études. J’ai rappelé à M. Van Heusde contre ce système, que nous appelions en badinant le système circulatoire de l’école latine d’Utrecht, toutes les objections de détail que j’avais déjà présentées à M. Vynbeck et à M. Bax à La Haye. Elles n’ont pas eu le même succès auprès de mon savant interlocuteur.

Son grand argument était celui-ci : Un homme ne peut pas posséder également toutes les branches de connaissances qu’on doit enseigner dans une classe. Réponse : Tout au contraire, je soutiens qu’à part les exceptions ci-dessus mentionnées, tout bon professeur de sixième, par exemple, doit savoir tout le grec, tout le latin, toute l’histoire même et toute la géographie dont ses élèves ont besoin. Je ne puis comprendre un professeur de sixième qui ferait expliquer les Fables de Phèdre sans être en état de citer perpétuellement les Fables d’Ésope, et sans faire, devant ses élèves, la comparaison instructive de l’original et de la copie. Séparer le grec