Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/473

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
469
VISITE À L’UNIVERSITÉ D’UTRECHT.

de moralité et de piété ; mais nous n’avons pas d’enseignement spécial à cet égard ; un pareil enseignement n’a lieu qu’en dehors de l’école latine, dans le temple ou dans l’église. Et M. Van Heusde me donnait de cette coutume les mêmes raisons qu’on m’en avait déjà données, la nécessité de maintenir la tolérance, surtout la nécessité de ne point effaroucher les ministres des différens cultes, l’impossibilité de se passer d’eux pour un tel enseignement, et en même temps l’inconvénient de le confier à l’un d’eux en particulier. — Mais pourquoi ne confieriez-vous pas à différens ministres l’enseignement religieux des différens cultes ? Nul n’aurait à se plaindre, et l’école y gagnerait. — C’est ce qui se fait, me dit-il, mais hors de l’école. — À la bonne heure, si cela se fait, mais cela se fait-il réellement ? Remarquez que dans les classes supérieures des écoles latines, les enfans ont fait leur première communion, et qu’il n’y a plus pour eux, en dehors de l’école, d’exercices religieux obligés ; or, en toute chose, je ne me fie qu’à l’obligé. Si vous m’assurez que, sans cette obligation, l’esprit de piété est tel en Hollande, que vos jeunes gens ne manquent pas de suivre le sermon ou le prêche et des exercices religieux, je m’incline et me tais ; mais en Allemagne, il y a au moins autant de piété que chez vous, et pourtant je n’y ai pas vu un gymnase où il n’y ait un enseignement spécial à la fois moral et religieux[1]. En Allemagne, cet enseignement est quelquefois si général, qu’il convient aux enfans de toutes les communions, excepté aux juifs qui naturellement n’assistent point à ces cours. Cet enseignement, habilement réparti dans toutes les classes, est regardé comme le fondement du gymnase. Il est même poussé si loin, bien entendu sans discussions théologiques, dans la classe supérieure, que long-temps il a dispensé et qu’encore aujourd’hui il dispense quelquefois de l’enseignement philosophique. En effet le christianisme peut être considéré comme la philosophie de la jeunesse. Mais vous, dans vos écoles latines, vous n’avez ni enseignement philosophique ni enseignement religieux. Votre enseignement scientifique n’est pas très développé. Vous n’enseignez réellement aucune langue vivante. C’est qu’au fond vous ne voulez dans vos écoles latines que du grec et du latin, conformément à leur titre. Pour moi, je veux dans tout collége un

  1. Mémoire, etc., p. 9, 12, 15, 134 et 139.