C’est à mon gré l’enfance de l’art en fait d’instruction secondaire ; et la loi de 1815 demande une révision sérieuse où l’on fasse à l’état une part bien plus forte dans le gouvernement de l’instruction secondaire. Mais encore une fois, il ne faut pas oublier que la Hollande est une vieille république où il règne encore beaucoup d’esprit républicain, j’entends dans le bon sens du mot. Pour bien apprécier les institutions de ce pays, il ne faut jamais perdre de vue les deux choses qui y dominent, l’esprit municipal et l’esprit de famille. C’est le même esprit, diversement appliqué dans l’instruction publique, qui a produit et qui maintient les colléges d’externes exclusivement municipaux. En France, l’esprit contraire a produit et soutient nos colléges royaux à pensionnat. Mais il est temps de passer de l’instruction secondaire à l’instruction supérieure, de l’école latine à l’université d’Utrecht.
Qui connaît la loi de 1815 sur les universités connaît l’université d’Utrecht ; car, en Hollande, les lois sont exécutées, et les règlemens ne vont pas d’un côté et les faits de l’autre. Une université hollandaise est d’ailleurs presque entièrement une université allemande[1]. Tandis que les écoles latines sont exclusivement entretenues par les villes, comme nos colléges communaux, les universités sont entretenues par l’état et ne relèvent que de l’état. Auprès de chaque université est un collége de curateurs, encore comme en Allemagne. L’université est gouvernée, pour le train ordinaire des affaires, par le sénat académique, l’assemblée de tous les professeurs ordinaires, et par le recteur élu par cette assemblée pour une année, à tour de rôle, dans chaque faculté. Il n’y a pas seulement ici quatre facultés, comme en Allemagne ; mais, ce qui vaut mieux[2], et ce qui est un reste du régime français, il y a cinq facultés. L’ordo philosophicus de l’Allemagne est divisé en deux, comme chez nous : les lettres et les sciences. En revanche, je désirerais que la Hollande, ainsi que la France, eût dans chaque faculté, outre des professeurs ordinaires et extraordinaires, avec des rangs et des traitemens différens, de jeunes docteurs admis à certaines conditions à faire des cours dans l’auditoire de chaque faculté. Voilà six ans que je demande à tous les