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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/537

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L’UNION DU MIDI.

système prussien ; et, du côté de la France, il n’y a qu’à reprendre des habitudes à peine interrompues.

On aura beau hérisser la Belgique de forteresses, elle n’a pas plus de frontières qui la défendent du côté de la France, que nous n’en avons de son côté. Les fleuves et les rivières de nos départemens septentrionaux, la Meuse, la Sambre, l’Escaut et la Lys, débouchent dans les provinces belges, comme autant de voies commerciales multipliées encore par les canaux. Point de rivières à traverser, point de montagnes à escalader ; aucune limite naturelle qui dise : « Ici le territoire belge, et là le territoire français. » Quand le chemin de fer, qui doit joindre Bruxelles à Paris, sera terminé, les deux frontières se trouveront confondues ; les lignes de douanes, si tant est qu’on les maintienne jusque-là, tomberont d’elles-mêmes devant la rapidité des communications.

Tant que les deux pays dressent frontière contre frontière, la Belgique est le champ de bataille où la Prusse et la France viendront inévitablement s’entrechoquer : elle est destinée à voir ses travaux suspendus, ses moissons ravagées, ses villes foulées aux pieds des armées, d’un bout à l’autre du pays. Associée à l’intérêt français, elle n’a plus rien à craindre du côté de la France ; elle n’a plus qu’une seule limite à garder ; la guerre est éventuellement reportée sur la Meuse et sur le Rhin. De même pour nous ; Paris, qui était à soixante lieues de la frontière, se couvre d’un royaume entier ; l’invasion s’éloigne de nos départemens les plus riches et les plus industrieux.

En temps de paix, les relations de la France avec la Belgique sont, à quelques différences près, celles qui existent entre l’Angleterre et les États-Unis ; il y a moins une concurrence qu’un échange de produits. La Belgique est industrielle et industrieuse comme la France, mais dans d’autres conditions. On a déjà pu remarquer que, dans les provenances belges, les matières premières et les objets de consommation figuraient pour 43,000,000, ce qui équivaut à la proportion de 71 sur 100, tandis que, dans nos exportations sur cette frontière, les objets manufacturés entrent pour une somme de 23,000,000 ou de 65 sur 100. On reconnaîtra mieux, par quelques détails qu’il existe une véritable division du travail entre les deux pays.

Voici quelle a été, en 1835, la base des échanges pour les pro-