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L’UNION DU MIDI.

çaise lui donnerait un système permanent et une administration. Ainsi s’ouvrirait pour ce peuple l’avenir qui a déjà commencé pour les nations les plus civilisées : le commerce et le crédit.

Il est une dernière considération. Nous faisons un commerce considérable avec les colonies espagnoles de l’Amérique du Sud, avec celles qui se sont affranchies de la métropole, comme avec celles qui reconnaissent encore son autorité. Nos importations de l’Amérique espagnole se sont élevées en 1835, pour le commerce général, à 24,000,000 de francs, et pour le commerce spécial à 15,000,000. Les chiffres correspondans des exportations représentent, pour le commerce général, une valeur de 40,000,000 de fr., et de 31,000,000 pour le commerce spécial. En sorte que la somme totale du commerce français avec les peuples d’origine espagnole est à peine inférieure à notre mouvement commercial avec les États-Unis. Si l’on réfléchit maintenant que les produits français, entrant librement en Espagne, seraient de là exportés en franchise à Cuba, à Porto-Rico, aux Philippines, on ne doutera pas que le chiffre des rapports commerciaux ne s’élevât promptement et dans une forte proportion. La race française et la race espagnole s’attirent mutuellement par une vive et intime affinité. Ce sont des liens qu’un gouvernement sage doit s’étudier à resserrer.

LA SUISSE.

On peut distinguer trois périodes différentes dans nos relations commerciales avec la Suisse, depuis les grandes guerres de la révolution. Napoléon, qui voulait faire de cette contrée une annexe de l’empire, et à qui elle fournissait d’excellens soldats, établit des douanes pour la forme, avec des droits très modérés entre les deux frontières ; la restauration, redoutant l’importation des mœurs républicaines au moins autant que celle des marchandises fabriquées à peu de frais, sépara la France de la confédération helvétique par une triple ligne de douanes et par un code prohibitif ; le gouvernement de juillet n’a corrigé ce régime de tarifs que par d’insignifiantes atténuations.

La situation des cantons se trouve même aggravée à certains égards. L’Allemagne méridionale, qui tirait de la Suisse une partie de ses approvisionnemens en bétail et en objets manufacturés, depuis son accession à la ligue prussienne, est entrée dans un autre