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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/628

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REVUE DES DEUX MONDES.

Elle ose aller jusqu’au point lumineux ;
Et que voit Tam ? En croira-t-il ses yeux ?
Magiciens et sorcières en danse ;
Non ces pas froids, nouveaux-venus de France,
Mais strathspeys, reels, au lieu des cotillons,
Mettant la vie et la flamme aux talons.
À l’Orient, sur un bord de fenêtre,
Nick[1], le vieux Nick, sous la forme d’un chien,
Un grand chien noir, velu, hargneux, l’air traître,
Se tenait là comme musicien,
De ses tuyaux chassant des voix captives,
Faisant crier la voûte et les solives. —
Comme une presse ouverte, tout autour,
De la muraille et debout, mainte bière
Montrait un mort dans son dernier atour,
À sa main froide ayant une lumière. —
À la clarté, Tammy, notre héros
Put, sur l’autel, apercevoir les os
D’un assassin, tout chargés de leur chaîne ;
Deux nouveau-nés morts sans un sacrement ;
Un malfaiteur décroché récemment,
Bâillant encor comme en perdant haleine ;
Cinq tomahawks, au fer rouge et rouillé ;
Cinq sabres turcs épais de sang caillé ;
Un cou d’enfant dans une jarretière ;
Un coutelas qui dans la main du fils
A déchiré la gorge d’un vieux père,
Où sont encor collés des cheveux gris ;
L’envers dehors, de mensonges cousues
Comme un haillon, trois langues d’avocats ;
Et tout pourris, de vils cœurs de prélats
Puans et noirs, comme ordure des rues ;
Et mille objets horribles à nommer,
Et que citer c’est déjà blasphémer.

Tandis que Tam regardait, l’œil stupide,
La fête allait furibonde et rapide ;
Le vieux flûteur à plus grand bruit soufflait ;
D’un pied plus prompt la danse s’envolait ;
Chaque commère à l’entour de l’église

  1. Le diable.