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LES ORANGS.

de derrière n’est pas propre seulement aux singes, mais qu’on la retrouve chez d’autres animaux qui ont également besoin de chercher leur nourriture sur les arbres (chez l’oppossum, par exemple), de sorte qu’elle semble, à certains égards, liée à ce genre de vie.

« Notre pygmée, poursuit l’anatomiste, avait la tête forte, le crâne arrondi, les oreilles faites comme celles d’un homme, seulement plus larges peut-être et plus détachées des tempes ; et qui sait, ajoute-t-il, si la différence ne tient pas en grande partie à ce que nos oreilles, comprimées dès l’enfance par les béguins dont on nous couvre la tête, prennent une position différente de celle qu’elles auraient naturellement. Le front était large et saillant ; les sourcils étaient comme usés par le frottement, ce qui tenait peut-être à la grande saillie de l’arcade surcillaire. Ce trait donnait à la physionomie quelque chose de dur.

« La face était ridée comme celle d’un vieillard, le nez aplati et le museau saillant, moins que chez le singe, mais plus que chez le nègre.

« Les épaules étaient larges ; la poitrine, bien conformée, présentait deux mamelons placés comme chez l’homme, mais peu apparens ; l’individu décrit par Tulpius avait des mamelles rebondies, mais c’était une femelle ; celui-ci était un mâle. Les singes n’ont ni fesses ni mollets ; notre pygmée en avait ; cependant ces parties n’étaient pas, à proportion, aussi charnues que chez l’homme. Lorsqu’il se tenait debout ou marchait le corps droit, il avait les jambes un peu écartées, ce qui n’était peut-être que le résultat de son extrême faiblesse ; car, lorsque je le vis pour la première fois, il était déjà presque mourant. Quand il marchait à quatre pattes, au lieu d’appliquer la paume des mains contre le sol, il fermait le poing et appuyait sur les jointures. Cette allure me semble si peu naturelle, que je serais tenté d’y voir un effet de la maladie qui rendait sa marche mal assurée, et de croire qu’en santé il marche sur les deux pieds comme nous. Son dos n’offrait pas la double courbure qu’on voit au nôtre, mais il était droit de la nuque au coccix. Il n’y avait pas la moindre apparence de queue, tandis que, chez le magot même, on voit un petit tubercule qui en tient la place, ainsi que l’avait déjà fait remarquer Aristote.

« La peau, au visage, était un peu tannée ; sur le reste du corps elle était blanchâtre. Le poil, d’un noir de jais, était très épais au