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SIEYES,
SA VIE ET SES TRAVAUX.

Emmanuel-Joseph Sieyes naquit à Fréjus le 3 mai 1748. Il fut destiné à la carrière ecclésiastique. Ce hardi novateur, cet esprit fier et peu obéissant, fut d’abord élevé dans un séminaire. Il acheva ses études à l’université de Paris, et prit sa licence en Sorbonne.

Mais il reçut une autre éducation que celle de l’église. Né au moment où le dix-huitième siècle acquérait tout son caractère, il respira pleinement les idées de ce siècle. Il grandit au milieu des ruines intellectuelles du passé, dont il vit tomber une à une toutes les croyances. Il apprit à rejeter l’autorité des traditions et à n’avoir confiance que dans le raisonnement. Appartenant à la seconde période de ce siècle, où les droits de l’esprit étaient reconnus sans que ceux de la société fussent encore admis, et où l’on éprouvait le besoin de passer des idées aux réformes, les institutions politiques devinrent l’objet principal de ses études et de son examen. Il s’accoutuma à regarder les arrangemens sociaux provenus de la conquête comme des abus, et les distinctions produites par l’inégalité comme des injustices. Il se prépara à n’accorder son obéissance qu’à la loi, et à ne reconnaître d’autre différence entre les