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ÉTABLISSEMENS LITTÉRAIRES DE COPENHAGUE.

Il est, du reste, juste de dire que s’ils ne trouvent pas de gloire au dehors, ils sont puissamment encouragés dans leurs travaux par leurs compatriotes. Il y a ici un besoin général d’étude. L’instruction a pénétré jusque dans les dernières classes du peuple. Chaque matelot, chaque paysan sait au moins lire et écrire, et l’éducation des classes bourgeoises est tout aussi avancée qu’en Allemagne. Dans la plupart des maisons de Copenhague, les enfans parlent trois ou quatre langues vivantes ; les jeunes filles passent une partie de la journée à recevoir des leçons, et le soir à écouter une lecture qui se fait en famille. Comme elles sont toutes instruites, elles ne pensent point à s’enorgueillir de leur instruction. J’ai rencontré ici beaucoup de femmes qui connaissent la langue, l’histoire, la littérature de France, d’Allemagne, d’Angleterre ; je n’ai point rencontré de blue stockings

L’éducation des jeunes gens est longue et sérieuse. Aucun d’eux ne peut aspirer à un emploi s’il n’a subi divers examens. Il passe six ans au gymnase et quatre ans à l’université.

Le même roi qui établit sur le trône de Danemark la branche actuelle d’Oldenbourg, Chrétien Ier fonda en 1479 l’université de Copenhague. Il lui fit donner des statuts par l’archevêque de Lund. Il lui accorda plusieurs priviléges et la dota de quelques terres. Mais il était peu riche. Quand sa fille se maria avec Jacques III d’Écosse, il engagea, pour payer sa dot, les îles Orcades et Shetland, et jamais il n’a pu les recouvrer. L’université languit faute de secours. Pendant l’espace de soixante ans, elle eut si peu de vie, que son histoire à cette époque est à peine connue. Mais au commencement du xvie siècle, lorsque la réformation eut pénétré en Danemark, Chrétien III prit en pitié la pauvre école si long-temps oubliée. Il l’enrichit des biens enlevés au clergé, et lui donna, en 1539, un nouveau réglement. En 1788, Chrétien VII augmenta le nombre des professeurs, et remplaça les anciens statuts par une ordonnance qui subsiste encore aujourd’hui, sauf quelques modifications.

Les élèves qui veulent suivre les cours de l’université ont trois examens à subir.

Le premier est l’examen artium. L’étudiant ne peut être inscrit sur les registres de l’université avant d’avoir été soumis à cette épreuve. On l’interroge sur les principes de la religion et l’histoire de la Bible, sur l’histoire universelle, l’arithmétique, la géométrie, et sur la littérature grecque et latine. Il doit faire une composition danoise, une version latine, une composition latine, une version française et allemande. Son examen a lieu en public, oralement et par écrit. L’examen oral dure quatre jours, et l’examen écrit quatre jours.

Le résultat de ces examens présente trois caractères différens : laudabilis, haud illaudabilis, non contemnendus. Les noms des élèves sont imprimés avec le caractère qu’ils ont obtenu.

Une année après, l’élève subit le second examen (examen philosophicum) ; jusque-là il n’a fait que suivre les cours généraux de mathématiques, d’his-