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REVUE DES DEUX MONDES.

Vous aviez le désir, la foi vous a manqué.
Je vous plains ; votre orgueil part d’une ame blessée ;
Vous sentiez les tourmens dont mon cœur est rempli,
Et vous la connaissiez, cette amère pensée
Qui fait frissonner l’homme en voyant l’infini.
Eh bien ! prions ensemble, — abjurons la misère
De vos calculs d’enfans, de tant de vains travaux.
Maintenant que vos corps sont réduits en poussière,
J’irai m’agenouiller pour vous sur vos tombeaux.
Venez, rhéteurs païens, maîtres de la science,
Chrétiens des temps passés et rêveurs d’aujourd’hui ;
Croyez-moi, la prière est un cri d’espérance !
Pour que Dieu nous réponde, adressons-nous à lui.
Il est juste, il est bon ; sans doute il vous pardonne.
Tous vous avez souffert, le reste est oublié.
Si le ciel est désert, nous n’offensons personne ;
Si quelqu’un nous entend, qu’il nous prenne en pitié !


Ô toi que nul n’a pu connaître,
Et n’a renié sans mentir,
Réponds-moi, toi qui m’as fait naître,
Et demain me feras mourir !

Puisque tu te laisses comprendre,
Pourquoi fais-tu douter de toi ?
Quel triste plaisir peux-tu prendre
À tenter notre bonne foi ?

Dès que l’homme lève la tête,
Il croit t’entrevoir dans les cieux ;
La création, sa conquête,
N’est qu’un vaste temple à ses yeux.

Dès qu’il redescend en lui-même,
Il t’y trouve ; tu vis en lui.
S’il souffre, s’il pleure, s’il aime,
C’est son Dieu qui le veut ainsi.

De la plus noble intelligence
La plus sublime ambition