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pièces où l’on peut suivre dans les détails les principales affaires du temps. Cela sort, nous l’avons dit, des formes habituelles de l’histoire. Mais aujourd’hui que chacun est appelé, sinon à prendre une part directe au gouvernement, du moins à avoir besoin d’en comprendre le mécanisme et les difficultés, une pareille manière de présenter l’histoire offre de grands avantages, et, plus que toute autre, est propre à former des esprits pratiques. Sans doute, il vaudrait mieux que M. Eugène Sue, pour la perfection de son livre, s’en fût tenu strictement aux choses de la marine. Lorsque l’on détache de la masse générale une série particulière de faits pour en faire une histoire spéciale, on ne peut leur conserver l’intérêt spécial qu’on les croit susceptibles de posséder qu’en ayant soin d’écarter ou d’amoindrir, autant que cela se peut, toute question relative à des intérêts d’un ordre plus général et plus élevé. Du moment où, dans une histoire de la marine, Louis XIV avec sa politique et l’immense cortége de questions qui s’y rattachent envahit la scène, la marine, qui n’est qu’un des mille moyens dont dispose cette politique, se classe à son rang et devient une chose secondaire ; elle n’est plus un corps à part, ayant sa vie propre dont on a voulu saisir le mécanisme et le développement, mais un membre dont l’importance se perd dans celle du tout auquel on le montre subordonné. Quoi qu’il en soit, le livre de M. Eugène Sue pourra être compté par la plupart de ses lecteurs au nombre de ceux qui leur auront appris le plus de choses qu’ils ignoraient.


Auguste Bussière.