d’Éleusis la vue des Champs-Élysées et du Tartare. Je ne diffère avec lui qu’en un point : je crois que ces représentations avaient lieu seulement dans les petits mystères. Ce qui m’affermit dans cette croyance, c’est de voir Empuse, le lac de l’enfer, Charon et sa barque, les mystes et leurs chants, transportés dans les Grenouilles d’Aristophane :
Bacchus rencontre, en effet, sur sa route, tout ce qu’Hercule lui a prédit. Il trouve d’abord Charon et Empuse, puis les demeures bienheureuses où un chœur de mystes chante ce qui suit :
Je ne puis croire que si la vue du Tartare et de l’Élysée eût fait partie des grands mystères on eût ainsi permis de les montrer sur le théâtre public d’Athènes.
M. James Christie, dans son ouvrage sur les Peintures des vases grecs considérées dans leurs rapports avec les représentations d’Éleusis et des mystères[3], croit reconnaître sur quelques-uns de ces vases les sujets des nombreuses scènes dramatiques qui accompagnaient, suivant lui, les célébrations mystiques. Long-temps avant la publication de l’ouvrage de M. Christie, Eggling avait supposé qu’un vase antique du cabinet du duc de Brunswick représentait d’une manière abrégée les mystères d’Éleusis[4], et Montfaucon, dans l’Antiquité expliquée, ne répugne pas à cette opinion[5].
Cependant quand on songe au secret imposé aux mystes, secret si bien observé, qu’il ne nous est parvenu sur les mystères qu’un petit nombre de demi-confidences et d’imparfaites indications, on est porté à rejeter la conjecture de M. Christie. Il semble, en effet, que c’eût été, de la part des artistes grecs, une indiscrétion bien téméraire, que d’exposer aux yeux de tous des