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À LA MI-CARÊME.


iv.

C’est alors que les bals, plus joyeux et plus rares,
Prolongent plus long-temps leurs dernières fanfares ;
À ce bruit qui nous quitte, on court avec ardeur ;
La valseuse se livre avec plus de langueur ;
Les yeux sont plus hardis, les lèvres moins avares ;
La lassitude enivre, et l’amour vient au cœur.

v.

S’il est vrai qu’ici-bas l’adieu de ce qu’on aime
Soit un si doux chagrin qu’on en voudrait mourir,
C’est dans le mois de mars, c’est à la mi-carême,
Qu’au sortir d’un souper un enfant du plaisir
Sur la valse et l’amour devrait faire un poème,
Et saluer gaîment ses dieux prêts à partir.

vi.

Mais qui saura chanter tes pas pleins d’harmonie
Et tes secrets divins, du vulgaire ignorés,
Belle nymphe allemande aux brodequins dorés,
Ô muse de la valse, ô fleur de poésie !
Où sont, de notre temps, les buveurs d’ambroisie
Dignes de s’étourdir dans tes bras adorés ?

vii.

Quand, sur le Cythéron, la Bacchanale antique
Des filles de Cadmus dénouait les cheveux,
On laissait la beauté danser devant les dieux ;
Et si quelque profane, au son de la musique,
S’élançait dans les chœurs, la prêtresse impudique
De son thyrse de fer frappait l’audacieux.

viii.

Il n’en est pas ainsi dans nos fêtes grossières ;
Les vierges d’aujourd’hui se montrent moins sévères
Et se laissent toucher sans grace et sans fierté.
Nous ouvrons à qui veut nos quadrilles vulgaires ;