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journée. Tout ce qui est nécessaire alors, c’est que le voyage soit aisément praticable entre le lever et le coucher du soleil, c’est-à-dire qu’alors quatorze heures et douze se valent. Mais toutes les fois que la distance est telle qu’il soit facile, moyennant certaines combinaisons, de la franchir deux fois, du matin au soir, l’hésitation n’est plus possible entre deux systèmes dont l’un permet ainsi l’aller et le retour dans les vingt-quatre heures, tandis que l’autre interdirait le double voyage. Il est donc indispensable que le chemin de Paris à Bruxelles passe par Valenciennes[1]. Mais Lille mérite un embranchement, et l’on ne saurait le lui refuser, surtout s’il veut concourir à la dépense ; d’ailleurs l’embranchement dirigé des environs de Douai sur Lille ferait partie de la route de Paris à Londres[2], ligne du premier ordre.

Le chemin de fer de Bordeaux à Bayonne semble au premier abord être l’un des tronçons dont l’ajournement serait le plus naturel, car quelle urgence y a-t-il à établir les communications les plus perfectionnées dans une région aussi misérable ? Pourquoi créer ces rapides moyens de transport pour les hommes, là où il n’y a pas d’hommes à transporter ? — Mais ce chemin de fer importe aux bonnes relations de la France et de l’Espagne ; il hâtera le jour où le défrichement des Landes sera opéré dans la limite où il est possible ; il coûterait incomparablement moins que tout autre chemin de fer ; enfin, considération qui me paraît décisive, il dispenserait le Trésor d’établir ou d’entretenir à très grands frais une route royale au travers des Landes. On sait que dans ces plaines sablonneuses il n’y a de bonnes routes que moyennant un pavage, et il faut y charroyer les pavés de fort loin.

Moyennant les nouvelles réductions qui viennent d’être signalées, le chiffre du réseau tomberait à 369 lieues, dont la dépense, à raison de 800,000 francs par lieue, serait de 295,000,000 fr.

Mais il devrait être bien entendu qu’il ne s’agit, pour le reste du

  1. De ce point de vue, le tracé par Saint-Quentin présenterait un léger avantage sur celui qui passe par Amiens. Suivant M. Vallée, en admettant que les deux tracés se confondissent entre Paris et Creil, la différence serait d’une lieue et demie au moins, dans un cas, et de trois lieues dans une autre hypothèse.
  2. En établissant un embranchement direct d’Amiens sur Boulogne et Calais, le trajet de Paris à Boulogne serait plus court de 23 lieues, c’est-à-dire d’environ 2 heures et demie, que par Lille. Celui de Paris à Calais serait par là raccourci de 14 lieues, c’est-à-dire d’une heure et demie. Le chemin de fer d’Amiens à la mer aurait, jusqu’à Calais, 40 lieues ; jusqu’à Boulogne, 32 lieues et demie. Celui de Lille à Calais aurait 26 lieues. Mais, moyennant une nouvelle ramification de 6 lieues et demie, le chemin de fer de Calais à Lille desservirait le port important de Dunkerque ; il pourrait même être tracé de manière à passer par Dunkerque, sans être allongé de plus de deux lieues.