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de Fox, et lui garda une inviolable fidélité dans toutes les vicissitudes de sa carrière parlementaire.

La place de M. John George Lambton était donc toute marquée dans la chambre, quand il fut appelé, très jeune encore, à remplacer son père comme représentant du comté de Durham.

M. Lambton apporta au parlement, avec l’ardent libéralisme de la jeunesse, toute l’énergie et, qu’on me passe le mot, toute l’âpreté d’opinion qui caractérisait alors le parti whig, à une époque où depuis si long-temps il était exclus du pouvoir, et s’en voyait tous les ans éloigné davantage par les habiles et victorieuses manœuvres des tories. Le libéralisme héréditaire du nouveau représentant de Durham reçut bientôt une impulsion encore plus vive, quand, après la fin prématurée de sa première femme, il épousa en secondes noces la fille de lord Grey, chef reconnu de l’opposition et du parti whig.

Ses débuts oratoires dans la chambre des communes sont de 1814 ; ils se rattachent à une motion d’enquête que fit alors un des principaux meneurs du parti, sur les causes et les circonstances de la cession de la Norwège à la couronne de Suède par les puissances alliées ; acte fort injuste en effet, et que l’opposition de ce temps prenait volontiers pour texte de ses philippiques contre le ministère. À partir de cette époque, le nom de M. Lambton reparaît souvent dans les discussions parlementaires, et toujours associé à quelque véhémente diatribe contre la politique du cabinet. Les questions les plus populaires, celles où la passion du jour pouvait enfler et pousser son éloquence, étaient invariablement le sujet de ces attaques, et il se distinguait alors, comme il a continué à le faire depuis, par l’obstination avec laquelle il s’acharnait sur une discussion, quand une fois il y était entré, revenant sans cesse à la charge, ne se laissant pas atteindre par le découragement et la fatigue des siens, et frappant sans relâche sur l’opinion publique pour la faire sympathiser enfin avec sa propre indignation, quoique d’abord il l’eût trouvée indifférente et glacée. Si l’on veut se donner la peine de comparer les discours de M. Lambton en 1820, sur les espions employés par le ministère tory, avec ceux du comte Durham, en 1835, sur le bill de defranchisement de Warwick, on verra comme il a facilement et complètement gardé d’un bout à l’autre de sa vie publique, ce caractère d’une infatigable persévérance dans l’attaque, cette habitude de ne point démordre, qui rappelle le formidable instinct du boule-dogue anglais.

M. Lambton proposa, en 1821, un plan de réforme parlementaire plus large, plus hardi, plus tranchant que tous les projets de ce genre