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REVUE POLITIQUE

NOUVEL ÉCRIT DE M. GUIZOT.

On a beau vouloir arrêter les affaires, embrouiller toutes les questions, le bon sens public remet peu à peu l’ordre dans les idées, en dépit de toutes les capacités qui s’efforcent de les troubler. Bientôt il ne restera de ces efforts que le sentiment de regret de tous les hommes impartiaux, en voyant tant d’esprit et de talent employés à entraver les affaires, et un si habile déploiement de forces intellectuelles dirigé dans un but si peu digne d’elles.

Il faut se reporter au commencement de la session, quand chacun des chefs de parti qui figurent dans l’opposition bigarrée de la chambre, se croyait à la veille de parvenir au pouvoir, soit en renversant le ministère, soit en le partageant avec lui. D’où vient qu’alors les doctrinaires ne s’étaient pas aperçus que le trône s’écroulait sur ses bases, que le pays était en danger dans les mains qui le gouvernent aujourd’hui, et que le pouvoir assistait à sa propre décomposition, pour nous servir des termes de M. Guizot, dans l’écrit qu’il publie aujourd’hui même. L’amnistie était faite ; la dissolution de la chambre, cette mesure que M. Guizot blâme si fort, était faite aussi. Le ministère avait fait connaître ses vues à l’égard de la conversion ; il avait donné le programme de la session. L’indignation se contenait cependant, et l’on trouvait même de temps en temps des paroles pour défendre la politique de ce cabinet, dont on comptait se faire le tuteur et le gardien. D’où viennent donc aujourd’hui ces cris d’alarme ? Est-ce bien de l’avenir du pays, ou du présent de quelques ambitions inquiètes, qu’il s’agit dans le nouvel écrit de M. Guizot ? Étrange écrit où M. Guizot semble plus blâmer ses amis anciens ou nouveaux qu’il voudrait exalter, que le ministère qu’il attaque violemment !

L’écrit de M. Guizot, si on veut le lire attentivement, et il le mérite sans doute, est, en beaux termes bien philosophiques, tout l’historique de sa situation. Il est évident que M. Guizot avait pris la plume pour démontrer