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DOCUMENS SUR L’HISTOIRE DE FRANCE.

men. Puisque les congrégations religieuses n’existent plus, puisque les corps savans ne suffisent pas, les comités historiques fondés par le ministère de l’instruction publique, sont appelés à les remplacer dignement, dans cette situation d’équité et d’impartialité historiques, étrange peut-être par sa nouveauté, que nous ont créée les évènemens.

Pour répondre à une mission si difficile, les comités, dans la surveillance et dans l’appréciation qui leur sont confiées, ont deux devoirs principaux et singulièrement délicats à remplir, je veux parler du choix des documens à publier, et du choix des éditeurs. La première et indispensable condition pour autoriser la publication d’un document inédit, condition bien simple sans doute, mais qu’on ne semble pas s’être toujours rappelée suffisamment jusqu’ici, c’est une véritable utilité, c’est un véritable intérêt ; car, autrement, ne serait-il pas plus convenable de réimprimer des ouvrages précieux et devenus rares, des trésors de science qui ne seront peut-être jamais dépassés, comme l’Histoire littéraire, comme la Collection des historiens de France, comme le Glossaire de Ducange, livres indispensables aux premières études historiques, et que souvent on ne trouve pas, même à prix d’or ? Il nous serait bien difficile de parler ici du choix des éditeurs, car les personnalités sont toujours de mauvais goût. Je ne saurais toutefois m’empêcher de dire que la collection pourrait à l’avenir se mieux appuyer que sur le patois archéologique de M. Grille de Beuzelin.

Telle est au résumé la situation de la Collection des documens inédits sur l’histoire de France. Elle a dans le passé quelques titres notables et dignes d’estime, mais elle vit surtout dans l’avenir par les grands recueils qui se préparent. Toutefois, que le caractère officiel qui semble entourer ces publications ne réduise pas exclusivement la critique indépendante à l’hymne louangeur, à l’appréciation dithyrambique. Par le rang qu’elle est destinée à occuper dans la science, par l’élévation de ses travaux, la Collection peut subir un contrôle même sévère, car on ne saurait qu’applaudir à la pensée qui a créé les comités historiques, au zèle actif et persévérant du ministre qui s’efforce de les continuer.


Ch. Labitte.