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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 14.djvu/575

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DE L’ORGANISATION DES ÉCOLES EN SUÈDE.

À M. LE MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

Les premières écoles dont il soit fait mention dans les annales de la Suède datent du XIIe siècle. Le christianisme n’arriva que très lentement au cœur de ces populations guerrières, qui adoraient le marteau de Thor, la lance d’Odin ; et lorsque enfin il fut enraciné parmi elles, la pauvreté du pays, la dispersion des habitans, ne permirent pas aux établissemens d’éducation de prendre un développement aussi rapide que dans les contrées du sud. Le chapitre d’Upsal et celui de Linkœping réunirent quelques élèves ; peu à peu les autres chapitres suivirent leur exemple, et les couvens firent de même. Si, comme quelques historiens le supposent, chaque cloître eut son école, on pouvait compter en Suède, aux XIVe et XVe siècles, environ soixante écoles. L’enseignement de ces cloîtres, ainsi que celui des établissemens métropolitains, était très restreint. Les élèves apprenaient à lire, à écrire, à chanter ; ils apprenaient à ergoter sur de prétendus principes de philosophie, et à parler un mauvais latin. Ceux qui avaient de l’ambition, ceux qui étaient favorisés par la fortune s’en allaient chercher ailleurs une instruction plus large. Les Suédois avaient, dès l’année 1290, une maison à Paris, et en 1373, sainte Brigitte leur en fit bâtir une autre à Rome.

L’université d’Upsal, fondée en 1476, et l’imprimerie, introduite en Suède en 1482, furent le second point de départ de cette science scholastique, qui avait cheminé si lentement pendant l’espace de quatre siècles. Gustave Wasa lui donna une nouvelle impulsion. Sous son règne, les écoles de chapitres et de cloîtres furent réorganisées sur d’autres bases, placées sous une même surveillance, et assujetties à un même règlement. Ce règlement, qui date de 1572, fut refait par Gustave-Adolphe en 1620, et par Christine en 1649. On en a vu apparaître un autre en 1693, 1724, 1807. Dix ans plus tard, le comité pédagogique présenta à l’assemblée du clergé un projet de réforme, qui fut discuté, modifié, mis à l’essai, et enfin sanctionné par le roi en 1820. C’est celui qui existe encore aujourd’hui. Mais tous les changemens apportés à l’organisation du XVIIe siècle ne sont, on peut le dire, que des modifications prises à la surface du principe fondamental : l’idée essentielle est restée la même. L’esprit religieux de Gustave-Adolphe, l’esprit classique de Christine, animent encore le règlement actuel. Dans les gymnases, on étudie les auteurs grecs et latins avec la même assiduité qu’au temps de l’érudition scholastique, et les leçons commencent et se terminent par le chant des psaumes, par la lecture de la Bible, comme au temps de la réformation.

En Danemark, il y a une alliance assez étroite entre les écoles et le clergé. Ici cette alliance est si forte et si intime, que les hommes qui prêchent et les