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DES ÉTUDES HISTORIQUES DANS LE NORD.

çons sur l’histoire générale de Suède. C’était évidemment un homme instruit, mais il n’avait ni assez de pénétration pour choisir les faits essentiels, ni assez d’esprit philosophique pour les juger. C’est un historien d’un ordre inférieur qui préfère l’anecdote à la réflexion, et n’a pas même le talent de la raconter avec grace. Ses livres n’ont jamais pu avoir aucune popularité ; ils ne sont consultés aujourd’hui que par un petit nombre de personnes. Cependant on doit rendre justice au zèle avec lequel il chercha à propager autour de lui le goût des études historiques. C’est lui qui enseigna l’histoire pendant plus de trente ans à l’université d’Upsal ; c’est lui qui a eu l’idée de publier cette belle collection des annales de Suède, continuée par les soins de MM. Schrœder et Geiier[1].

Toutes ces études historiques, commencées si tard, développées si lentement, ont fait de grands progrès dans les derniers temps. L’Allemagne et le Danemark avaient donné l’exemple de la critique appliquée à l’érudition ; la Suède l’a suivi. Les philologues ont recommencé les travaux entrepris avant eux, et la publication des textes a été faite avec plus de méthode et de rectitude. Les antiquaires, moins ambitieux que ceux du XVIIe siècle, ont posé sur une base plus sûre l’étude des monumens. La Suède est la contrée du nord où l’on trouve le plus de monumens tumulaires, d’inscriptions runiques. La demeure des dieux était dans l’Upplande, et quand on parcourt cette province, quand on aperçoit sur la colline et dans la vallée ces pierres sépulcrales debout au milieu des sillons, on dirait que tous les guerriers ont voulu être enterrés là, comme pour être plus près du dieu qui les guidait sur le champ de bataille.

M. Siœborg a publié une collection fort curieuse de ces monumens[2]. M. Liliegrenn a écrit sur les runes du Nord l’un des livres les plus élémentaires et les plus complets qui existent. Il a recueilli dans son Diplomatarium[3] les premiers documens de l’histoire, les bulles des papes, les lettres des évêques, les ordonnances des rois. La première pièce de cette collection est le bref du pape Pascal Ier, publié entre l’année 817 et 824, pour protéger l’évêque Ebbo, qui avait pris la résolution de venir prêcher le christianisme dans le Nord. Le premier document ecclésiastique écrit en suédois est une lettre de donation faite en l’année 1277, par l’évêque Ketil, à un couvent de Finlande. Le premier document royal écrit dans la même langue est une lettre de donation du roi Magnus aux moines d’Enkœping. Elle date de 1278. Jusque-là tout est écrit en latin.

M. Liliegrenn n’est pas le premier qui ait eu l’idée de rassembler ces pièces officielles, si importantes pour l’étude de l’histoire. Avant lui, Hadorph, Peringskiœld, Broemann, avaient entrepris un ouvrage du même genre, et

  1. Scriptores rerum svecicarum medii ævi, 2 vol. in-fo. L’ouvrage doit être complet en trois volumes.
  2. Samlinger fœr Nordens Fornœlskare, 3 vol. in-4o, Stockholm, 1822.
  3. Svenskt Diplomatarium, 2 vol. in-4o, Stockholm, 1829-1837.