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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 15.djvu/47

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LIVINGSTON.

queux pionniers fondateurs de Tennessee. Chef de la milice de ces états dans la guerre de 1812, il avait vaincu les Creeks et chassé les Anglais de Pensacola. Un indomptable courage, à l’aide duquel il était sorti avec bonheur des plus grands dangers personnels, et avec succès des entreprises les plus audacieuses, lui donnait une confiance sans bornes. Il pensait qu’entre hommes, comme entre pays, celui-là peut le plus qui veut le mieux.

C’est dans ces dispositions qu’il arriva à la Nouvelle-Orléans. Il n’avait pas vu son ami Livingston depuis quinze ans. Il le trouva plein de zèle et de résolution, à la tête d’un comité de défense qu’il avait organisé. Il le nomma son aide-de-camp. De concert avec lui, il prit toutes les mesures de défense. Convaincu que, dans les momens de danger, l’unité de pouvoir est nécessaire, et que le salut d’un pays désorganisé ne peut se trouver que dans la ferme volonté d’un seul homme, le démocrate André Jackson se fit dictateur. Il proclama la loi martiale, suspendit l’habeas corpus et défendit même plus tard à la législature de s’assembler. Il appela tous les citoyens aux armes, accepta pour auxiliaires les pirates de l’île Barataria, et pressa les milices du Tenessee et du Kentucky de se rendre en toute hâte sous la Nouvelle-Orléans. La vigueur de ses résolutions et la tranquillité de son courage inspirèrent à tout le monde la confiance dont il paraissait animé lui-même.

Pendant cette mémorable campagne, M. Livingston fut le coopérateur zélé du général Jackson. Il prit part à ses mesures comme à ses succès. Il l’accompagna dans la terrible attaque de nuit du 23 décembre, où il déconcerta les projets et arrêta la marche de l’avant-garde anglaise. Il le seconda dans la construction du retranchement qu’il éleva à deux lieues de la Nouvelle-Orléans, entre les marécages et le fleuve, et où il attendit l’ennemi de pied ferme. Il fut témoin des efforts tentés deux fois, et vainement, par l’armée anglaise contre ces fortifications improvisées que défendaient l’artillerie de quelques pirates et le courage de cinq mille soldats de milice. Il assista enfin, le 8 janvier 1815, jour à jamais mémorable dans les fastes de la Louisiane, à la bataille qui devait décider de son sort. Il vit s’avancer silencieusement et en bel ordre les vieilles bandes britanniques pour forcer dans un dernier assaut la ligne américaine. Il les vit, malgré la rapidité de leurs mouvemens et la froideur de leur courage, ne pas arriver jusqu’au fossé qu’elles voulaient franchir ; leurs rangs, traversés de loin par les boulets et la mitraille, fléchirent et tombèrent lorsqu’ils furent à la portée des carabines de ces intrépides chasseurs