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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 15.djvu/557

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LA DUCHESSE DE PALLIANO.

une sorte de pompe (j’ai lu le procès-verbal). Cet évènement, dont la nouvelle se répandit aussitôt, fit peu d’impression, on s’y attendait depuis long-temps ; on avait plusieurs fois annoncé la nouvelle de cette mort à Gallese et à Rome, et d’ailleurs un assassinat hors de la ville et dans un moment de siége vacant, n’avait rien d’extraordinaire. Le conclave qui suivit la mort de Paul VI fut très orageux, il ne dura pas moins de quatre mois.

Le 26 décembre 1559, le pauvre cardinal Carlo Caffara fut obligé de concourir à l’élection d’un cardinal porté par l’Espagne et qui par conséquent ne pourrait se refuser à aucune des rigueurs que Philippe II demanderait contre lui cardinal Caffara. Le nouvel élu prit le nom de Pie IV.

Si le cardinal n’avait pas été exilé au moment de la mort de son oncle, il eût été maître de l’élection, ou du moins aurait été en mesure d’empêcher la nomination d’un ennemi.

Peu après on arrêta le cardinal ainsi que le duc ; l’ordre de Philippe II était évidemment de les faire périr. Ils eurent à répondre sur quatorze chefs d’accusation. On interrogea tous ceux qui pouvaient donner des lumières sur ces quatorze chefs. Ce procès, fort bien fait, se compose de deux volumes in-folio, que j’ai lus avec beaucoup d’intérêt parce qu’on y rencontre à chaque page des détails de mœurs que les historiens n’ont point trouvés dignes de la majesté de l’histoire. J’y ai remarqué des détails fort pittoresques sur une tentative d’assassinat dirigée, par le parti espagnol, contre le cardinal Caffara, alors ministre tout puissant.

Du reste, lui et son frère furent condamnés pour des crimes qui n’en auraient pas été pour tout autre, par exemple, avoir donné la mort à l’amant d’une femme infidèle et à cette femme elle-même. Quelques années plus tard le prince Orsini épousa la sœur du grand-duc de Toscane, il la crut infidèle et la fit empoisonner en Toscane même, du consentement du grand-duc son frère, et jamais la chose ne lui a été imputée à crime. Plusieurs princesses de la maison de Médicis sont mortes ainsi.

Quand le procès des deux Caffara fut terminé, on en fit un long sommaire, qui, à diverses reprises, fut examiné par des congrégations de cardinaux. Il est trop évident qu’une fois qu’on était convenu de punir de mort le meurtre qui vengeait l’adultère, genre de crime dont la justice ne s’occupait jamais, le cardinal était coupable d’avoir persécuté son frère pour que le crime fut commis, comme le duc était coupable de l’avoir fait exécuter.