que trouble dans les relations diplomatiques. Le rappel de M. Fabricius a eu lieu à la demande formelle de M. Molé.
Grace à la sollicitude du cabinet français, la paix a été maintenue jusqu’ici dans les mers d’Orient, et les notes de la France, de l’Autriche et de l’Angleterre, ont fait ajourner les projets d’indépendance du vice-roi d’Égypte. On parle maintenant de la possibilité d’un changement de ministère à Constantinople, et l’on craint pour Reschid-Pacha la disgrace et le sort de Pertew-Pacha. Reschid-Pacha a séjourné long-temps à Paris ; il est partisan de la paix ; il en apprécie tous les avantages, et ses vues sont, dit-on, contraires à celles de la Russie, qui paraît décidément opposée au statu quo. L’alliance de la France et de l’Angleterre fera encore face à cet évènement, déjà prévu depuis long-temps par les deux cabinets.
À l’intérieur, faute d’incidens, les discussions de principes politiques se continuent avec acharnement dans les feuilles quotidiennes. Il y a peu de jours, la grande question était de savoir si le Courrier de Bordeaux, rédigé par M. Fonfrède, défend le principe de l’omnipotence ou celui de la prépondérance royale. L. Fonfrède a la main malheureuse pour ses amis ; c’est assurément un des défenseurs les plus ardens de la monarchie de juillet ; mais il l’entend d’une manière qui n’est pas celle du pays, nous le croyons, et souvent il donne lieu à d’étranges accusations contre elle, de la part de l’opposition libérale. La doctrine de la prépondérance, défendue par M. Fonfrède avec le parti doctrinaire qui la préférait alors, avait attiré à ce parti un blâme général dont il s’est ressenti dans les dernières élections. Le parti doctrinaire, ayant consulté le thermomètre de ses intérêts, changea de marche, et aujourd’hui M. Fonfrède vient au secours du ministère avec son système prépondérant ou omnipotent, nous ne savons, mais bien intempestif à coup sûr. M. Fonfrède offre ainsi à l’opposition un beau thème qu’elle n’a pas manqué de saisir. La liste civile avait consenti, autrefois, à souscrire pour quatre ou cinq cents exemplaires aux articles de M. Fonfrède sur cette matière ; on ne manque pas de dire que le ministère n’a rien de plus à cœur que de propager les principes émis dans cet écrit. L’occasion était belle pour rentrer dans l’esprit des discussions de 1830. L’adresse des deux cent vingt-un, le refus de concours aux ministres de Charles X, la maxime le roi règne et ne gouverne pas, et tous les axiomes obligés de la polémique libérale, ont aussitôt reparu, et renouvelé ces disputes d’école et ces attaques si commodes qui se sont déjà usées contre tous les ministères. Elles commençaient cependant à mourir de belle mort et à tomber de vétusté, quand une circonstance nouvelle est venue les rendre vivaces.
Depuis quelque temps, le roi reçoit lui-même, à Versailles, les élèves des colléges royaux, et leur montre ces immenses et magnifiques galeries historiques qu’il a créées. Chacune de ces visites est une occasion pour ces jeunes gens d’exprimer l’enthousiasme que leur cause tant d’affabilité et de bonté. Le 9 août, anniversaire de la fondation de la monarchie de 1830, le roi recevait les élèves des colléges royaux de Saint-Louis, de Versailles et