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Pharnabaze, qui vivait trois cents ans avant l’ère chrétienne. Depuis lui jusqu’à George, mort en 1800, elle a eu quatre vingt-dix-sept rois en quatre dynasties. La Géorgie embrassa le christianisme au IIIe siècle. Dans le Ve, le roi Wakhtang, appelé Gourgaslan ou le loup-lion, fonda Tiflis. Au milieu du VIe, la race de Khosrou s’éteignit et fut remplacée par les Bagratides qui n’ont cessé de régner que depuis trente-huit ans. En 663, un lieutenant d’Omar vint prêcher le mahométisme au pied du Caucase. Ce missionnaire armé conquit la Géorgie et détruisit Tiflis, mais sans pouvoir déraciner le christianisme. Au VIIIe siècle, le pays tomba dans la dépendance de la Perse. Au IXe les troupes du calife de Bagdad le dévastèrent et emmenèrent en esclavage une grande partie des habitans. À ces temps de désolation succéda une période de gloire qui dura trois siècles et demi. David III et George III assurèrent, par leurs victoires, l’indépendance de la Géorgie et réparèrent tous les désastres des époques précédentes ; mais rien n’égala en éclat et en prospérité le règne de la reine Thamar qui se faisait donner le nom de roi, et qui fut à la fois la bienfaitrice de ses sujets, la terreur de leurs ennemis, et la protectrice éclairée des sciences et des arts. Mais l’horizon s’obscurcit bientôt ; sous Roussoudana, fille de Thamar, la Géorgie fut ravagée par les lieutenans de Tchinghis-Khan. Dans le siècle suivant, Timour l’envahit, et l’on sait ce que c’était qu’une invasion de Timour. Une période de repos vint ensuite. Mais vers la fin du XVIe siècle, le roi Alexandre, voulant donner un royaume à chacun de ses fils, partagea la Géorgie en trois états séparés, le Karthli, la Kakhétie et l’Imérétie. La subdivision de ces royaumes en petites principautés, les guerres entre les Persans et les Turcs, dont la Géorgie fut le théâtre, et les incursions des montagnards qu’elle n’était plus en état de repousser, firent que la nation se divisa en deux parts. Les provinces des bords de la mer Noire se soumirent aux Turcs, celles de l’est relevèrent des Persans. Les divers états dont s’était composé l’ancien royaume géorgien traversèrent ainsi les deux derniers siècles, tantôt indépendans, tantôt tributaires de la Perse ou de la Turquie, quelquefois aussi invoquant la protection des czars. En 1750, Héraclius, roi de Kakhétie, se fit proclamer roi de toute la Géorgie et maintint assez long-temps son indépendance. Mais en 1795, le fameux Aga-Mohammed-Khan, qui s’était emparé de l’héritage des sofis, vint à la tête d’une nombreuse armée pour la faire rentrer sous la domination de la Perse. Héraclius marcha à sa rencontre, quoiqu’avec des forces bien inférieures ; il fut complètement battu, et les vainqueurs entrèrent dans Tiflis qui fut mis