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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 15.djvu/621

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ÉTABLISSEMENS RUSSES DANS L'ASIE OCCIDENTALE.

92,000 familles de race tartare, 149,000 de race kourde, 157,000 de race lorienne, 41,000 de race arabe ; total : 439,600 familles. Mais, d’après l’ordre établi en Perse, elles doivent fournir un cavalier armé par cinq familles : ce nombre de 439,000 représente donc 87,900 cavaliers. En temps de paix, l’état ne se sert que d’une partie de cette armée ; mais tous doivent se tenir toujours prêts, et, dans les cas extraordinaires, il est fourni un contingent plus fort que le contingent légal. Depuis l’introduction d’une infanterie régulière en Perse, le chah et son fils s’occupaient davantage des nouvelles troupes et négligeaient un peu la cavalerie tirée des tribus. Les meilleurs cavaliers de la Perse sont les Kourdes ; ils n’ont pas de fusil, mais des lances d’un roseau très flexible qu’ils manient fort adroitement : la plupart portent un casque et une cotte de mailles.

Il existe une autre espèce de troupes qu’on appelle ghoulams et qui composent la garde du chah, ainsi que celle des princes et des gouverneurs de province. Les ghoulams servent de courriers ; ils portent les ordres du souverain aux extrémités de l’empire et accompagnent les fonctionnaires chargés de quelque mission importante : leur nombre peut s’élever à environ huit mille. Il y a en outre une infanterie irrégulière dont il est impossible de fixer le chiffre ; elle sert à former la garnison des forteresses. Au moment de la guerre contre la Russie, les villes d’Erivan, d’Abbas-Abad, de Serdar-Abad, de Theran et de Meched, avaient une garnison de 5,000 hommes tirés du Mazenderan. Du reste, en temps de guerre et quand une province est menacée, tous les habitans des villes et villages qui n’appartiennent pas aux tribus militaires deviennent momentanément soldats. Nous avons déjà parlé de l’infanterie régulière : Feth-Ali-Chah et Abbas-Mirza avaient chacun la leur : les troupes régulières du chah s’appelaient dzambases, celles du prince royal, sarbases. Elles formaient en tout 35 bataillons composés chacun de 1,000 soldats et de 100 dakhbachas ou sous-officiers. Suivant ces calculs, il y avait en Perse 38,500 hommes d’infanterie régulière, 87,900 hommes de cavalerie tirée des tribus militaires, 8,000 ghoulams, 5,000 hommes d’infanterie irrégulière, en tout 139,400 hommes. Les troupes irrégulières pouvaient être considérablement augmentées. Quant à l’artillerie, il y avait dans l’Adzarbaidjan 77 pièces de canon de divers calibres et 18 fauconneaux, 42 de ces pièces appartenaient à l’artillerie régulière de campagne organisée par Abbas-Mirza. Tout cela constituait un ensemble de forces assez imposant, quoique les troupes ne fussent pas parfaitement exercées.