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NAVIGATION À LA VAPEUR.

jaugeant 73,634 tonneaux, et en 1835, 1,076 bâtimens du port de 266,684 tonneaux. C’est-à-dire que, dans l’espace de cinq ans, le nombre des bâtimens reçus dans le port de Londres s’est triplé, et que la force du tonnage s’y est presque quadruplée. Cette marine à la vapeur se répartissait entre le commerce intérieur et le commerce étranger dans la proportion des 2/3 pour le premier, et d’un tiers pour le second.

Mais c’est au Nouveau-Monde surtout qu’il appartenait de s’approprier le plus efficacement cet élément nouveau de communication. Tout entier au développement de leur puissance industrielle et commerciale, alors que le vieux continent, en proie aux douleurs de l’enfantement politique, s’absorbait dans la guerre et les luttes intestines, les États-Unis élevaient au plus haut degré les progrès de la navigation à vapeur. C’était, au reste, le plus grand bienfait que pût départir la Providence aux vingt états épars dans le sein de cette vaste unité nationale. Séparés par d’immenses intervalles, disséminés sur un sol huit fois plus grand que la France, ils devaient s’empresser d’adopter un mode de transport qui réduisait considérablement pour eux le temps et l’espace, et dont leurs nombreux cours d’eau, leurs fleuves et leurs lacs gigantesques favorisaient si bien l’application et les progrès.

D’après l’auteur des Lettres sur l’Amérique du Nord, le nombre des bateaux s’élevait, dans toute l’Union, en 1834, à 386, donnant un tonnage de 96,000 tonneaux. Plus des 4/5 de ce nombre se répartissaient ainsi entre les sept principaux états :

New-York en avait 54 du port de 13,233 tonneaux.
La Louisiane 
115 46,292
L’Ohio 
62 8,047
La Pensylvanie 
36 5,097
L’Alabama 
22 3,291
Le Maryland 
18 5,832
Le Tennessee 
17 4,083

Le reste se partageait entre les treize autres états. Comme on le voit, la plus grande partie des bateaux à vapeur de l’Union appartiennent à l’Ouest, à l’Ouest qui sans cesse reculant, devant les pas de ses hardis pionniers, les limites de la civilisation, incessamment appelle et dévore, et de nouvelles troupes de défricheurs, et de nouvelles masses de produits et de marchandises. Depuis 1835, le nombre des bateaux à vapeur s’est considérablement accru dans toute l’Union : on en compte 400 sur le seul Mississipi, et près de 50 sur le lac Érié. De même qu’en Angleterre, avant 1822, les appareils les plus puissans ne s’élevaient guère, aux États-Unis, au-dessus de 80 chevaux ; mais aujourd’hui les grands et somptueux bateaux qui transportent, sur l’Hudson et la Delaware, des populations de 800 voyageurs, sont tous au-dessus de 100 chevaux. La longueur des trajets qu’ont à faire, sur les vastes cours d’eau de l’Amérique du Nord, les bateaux à vapeur, les lar-