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ont cru de leur intérêt de faire subir au signe monétaire. De là une gêne de tous les momens et de fâcheuses entraves pour le commerce, embarrassé, troublé par ces variations. Les difficultés pratiques et sans cesse renouvelées qu’elles faisaient naître, donnèrent lieu à l’institution des banques destinées à y remédier en soulageant le commerçant des calculs qu’elles nécessitaient, en lui fournissant, selon ses besoins, telles ou telles espèces métalliques, et en lui permettant dès lors d’opérer à peu près comme s’il n’eût existé qu’une monnaie partout uniforme.

Mais la banque ne fut pas long-temps réduite à cet unique office. L’invention de la lettre de change dut lui ouvrir un champ plus vaste, et, sans la suivre dans les phases successives de son développement, on peut, en son état actuel, classer, sous les trois chefs suivans, ses fonctions distinctives et propres :

1o Servir d’intermédiaire pour effectuer les paiemens réciproques auxquels donnent lieu les opérations commerciales, suivant une appréciation variable, appelée change, des différentes valeurs monétaires, et moyennant, en certains cas, un dédommagement pour les risques et les retards que peut éprouver le remboursement ;

2o Escompter à un taux convenu des billets exigibles seulement à des échéances plus ou moins éloignées, et, par conséquent, fournir immédiatement à l’industrie des capitaux qui seraient, sans cela, restés temporairement stériles pour la production ;

3o Multiplier les capitaux même par l’émission, soit de billets à terme transférables et négociables, soit de papier faisant fonction de monnaie et de même valeur qu’elle, à raison de la faculté garantie au porteur de les échanger à présentation contre le signe monétaire métallique de valeur correspondante.

Ces opérations diverses impliquent, comme on le voit, une condition indispensable, la confiance dans l’obligation émise, quelle qu’elle soit, confiance fondée elle-même sur la certitude présumée du remboursement, aux époques fixées, des valeurs qu’elles représentent. C’est ce qu’on nomme crédit, et le crédit de la banque en général, ainsi que des banques particulières, repose sur les bases suivantes :

Sur la possession d’un capital effectif perpétuellement tenu en réserve pour l’acquit des engagemens contractés ;

Sur la présomption que les pertes éventuelles ne sauraient jamais dépasser ce capital ;

Et, attendu que la quantité de papier émis peut être double ou triple de ce même capital, sur la certitude, ou, tout au moins,