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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 15.djvu/781

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ÉTABLISSEMENS RUSSES DANS L’ASIE OCCIDENTALE.

surés par la sévère discipline maintenue dans l’armée de Paskewitch, ils revinrent peu à peu, firent leurs moissons, et vendirent leurs grains aux troupes. Cela permit d’établir à Ghertvissi et au château-fort d’Aspindjé, situé trois lieues plus loin, des magasins de blé et des moulins pour l’approvisionnement de l’armée.

Après la prise de ces forteresses et l’arrivée des troupes de réserve venues de Géorgie, les Russes se mirent en marche vers l’importante place d’Akhaltzikhé, à travers les hauteurs escarpées et couvertes de forêts qui dominent les rives du Kour. La première batterie fut dressée dans la nuit du 19 au 20 août. Mais une armée turque de 27,000 hommes, sous les ordres des deux pachas Moustapha et Kios-Mahmed, était arrivée assez près de la ville. Paskewitch résolut d’aller l’attaquer, et, pour le faire avec avantage, il partit dans la nuit, et tourna Akhaltzikhé par des chemins presque inaccessibles, surtout pour la cavalerie et l’artillerie. Au point du jour, les Turcs s’aperçurent de son mouvement, et ils se précipitèrent sur les Russes avec un acharnement extraordinaire ; le combat dura douze heures. Les Russes remportèrent la victoire, quoique l’ennemi fût supérieur en nombre, la chaleur intolérable et la position difficile ; le camp fortifié, établi à peu de distance de la ville, fut emporté d’assaut. Les Turcs perdirent toute leur artillerie de campagne, dix canons, toutes leurs munitions et leurs approvisionnemens, et la cavalerie russe poursuivit les fuyards jusqu’à huit lieues sur la route d’Erzeroum. Cinq mille hommes d’infanterie, sous la conduite de Kios-Mahmed, qui avait été blessé au pied, se réfugièrent dans la ville. Le reste de l’armée se dispersa dans les bois et dans les montagnes. Les Turcs s’étaient battus avec une grande bravoure, mais la tactique des généraux russes prévalut.

Après cette victoire, Paskewitch revint assiéger Akhaltzikhé ; les travaux du siége furent poussés si activement, malgré le terrible feu de la place, que la brèche fut ouverte le 27. L’assaut fut donné et dura treize heures. La garnison fit une résistance désespérée ; il fallut livrer un combat dans chaque rue et emporter, pour ainsi dire, chaque maison. Le jour suivant, la citadelle capitula, et les 2,000 hommes qui la défendaient sortirent avec armes et bagages. La perte des Turcs fut immense : les Russes eurent 10 officiers tués et 32 blessés. La prise d’Akhaltzikhé amena celle des forteresses d’Atzkour et d’Ardaghan, dont les habitans ouvrirent les portes.

Au commencement de septembre, Paskewitch envoya une division sous les ordres du général-major prince Tchetchévadzé pour prendre