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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 16.djvu/404

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REVUE DES DEUX MONDES.

détails curieux ; mais avec Louis XIV arrive l’abolition des municipalités électives et la création des maires à titre d’office. Dès-lors Châtillon, comme presque toutes les villes de France, perd son importance historique ; on arrive vite à la révolution et de là aux temps tout-à-fait modernes, aux diverses célébrités châtillonnaises de notre époque, à MM. Rolle, Nisard, Lacordaire et au maréchal de Raguse.

Il y a de graves défauts dans le livre de M. Laperouse. Le style, qui ne manque toutefois ni de vivacité ni de chaleur, se ressent beaucoup trop des mauvaises influences littéraires d’aujourd’hui. Ainsi, selon la manière faussement modeste de M. Hugo, l’auteur ne manque pas, dans sa préface, de dire en parlant de lui : Celui qui écrit cela, etc. Le passé n’est plus tout simplement ce qu’on le savait être, c’est l’Herculanum du moyen-âge, etc. Remarquons, à cette occasion, que s’il y a encore beaucoup de découvertes précieuses à faire, beaucoup de ruines à relever dans l’histoire, il faut aussi se garder, comme cela arrive souvent de notre temps, de prendre pour des recherches neuves et inconnues des choses qui peuvent intéresser, à son début, une intelligence jeune et naïve, amassant l’érudition, mais qui sont toutefois des lieux communs pour la science. M. Laperouse me paraît de plus se laisser trop prendre à certaines formules, exactes en quelques points et familières à un grand historien, mais devenues vulgaires par l’abus ; il n’est pas bien neuf, par exemple, de répéter toujours ces mots : L’élément romain, l’élément germanique, etc. Les textes aussi auraient pu être mieux précisés, mieux indiqués, et l’auteur aurait dû éviter de citer des autorités aussi peu sérieuses que le Musée des Familles.

Quoi qu’il en soit, l’Histoire de Châtillon mérite quelques encouragemens ; car l’auteur est très jeune, et il a révélé, dans ce premier travail, une ardeur trop généreuse et trop louable, pour qu’on ne l’engage pas à persévérer dans une voie où, pour réussir, peut-être, il ne lui manque que plus de patience et d’expérience, avec moins d’imagination.


Histoire de la Saintonge et de l’Aunis par M. Massiou[1]. — Depuis quelques années, on a tenté de louables efforts sur tous les points de la France, pour sauver de l’oubli nos antiquités nationales. Beaucoup de provinces et de villes ont recueilli leurs souvenirs et raconté leur histoire. On a fait revivre, dans toute leur réalité, ces duchés, ces comtés, ces mairies du moyen-âge qui ont défendu, pendant tant de siècles, leur indépendance locale contre les progrès de l’unité nationale. De nos jours, où toutes les vieilles traditions s’effacent, où l’on a oublié les rivalités qui existaient jadis de province à province, de ville à ville, il faut se hâter d’interroger les précieux mais rares documens qui ont échappé à nos innombrables révolutions.

  1. vol. in-8o, 2e et 3e partie, chez Pannier, rue de Seine, 23. — La Rochelle, chez Mareschal.