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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 octobre 1838.


Nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire d’énumérer de nouveau tous les actes de l’opposition depuis la formation de ce ministère. Nous l’avons fait souvent, et, chaque fois, il nous est arrivé, bien involontairement, d’irriter l’opposition rien qu’en lui rappelant ses propres actes. Nous nous abstiendrons aussi de parler de son langage. Nous copierons, quelque jour, dans les principales feuilles des partis opposans, les phrases et les épithètes dont elles font le plus habituellement usage, et l’on verra si ce langage est celui, nous ne dirons pas d’une nation polie et éclairée, mais même d’un peuple civilisé. Hier encore, un journal, repoussant le reproche qu’on a fait à l’opposition de vivre sur les vieilles attaques du libéralisme d’autrefois, usait de cette noble comparaison : « Autant vaudrait entendre un accusé de fraude ou de vol reprocher au procureur-général de répéter contre lui des réquisitoires prononcés contre tous ses prédécesseurs coupables des mêmes délits. » Et quelques lignes plus bas, le même journal demande la révocation des lois de septembre !

Puisque les choses en sont arrivées à ce point, il faut bien les subir. Nous ne croyons pas que la liberté soit en danger pour cela. Que l’opposition accumule les injures, les fausses nouvelles, les accusations calomnieuses, qu’elle accueille indistinctement tout ce qui sert sa passion, qu’elle crie avec fureur au despotisme, à l’anéantissement du régime constitutionnel ; l’administration, modérée, conciliante, occupée avec ardeur des intérêts du pays, prêtant une oreille attentive à toutes les réclamations qu’on lui adresse, n’en poursuivra pas moins sa tâche. Elle la continuera avec zèle et courage, nous l’espérons, tant que cette tâche sera possible ; la rage des partis ne la lassera pas. Mais, comme il faut tout prévoir, il n’est peut-être pas inutile