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SPIRIDION.

TROISIÈME PARTIE.[1]

Je restai si troublé, que je ne pus songer, ce jour-là, à ouvrir aucun livre. J’attendis quelques instans, quoique je ne me flattasse point de revoir l’Esprit ; mais je n’en étais pas moins enthousiasmé et fortifié par cette rapide manifestation de sa présence. Je demeurai, pensant que, s’il était mécontent de mon audace, j’en serais informé par quelque prodige nouveau ; mais il ne se passa rien d’extraordinaire, et tout me parut si calme autour de moi, que je doutai un instant de la réalité de l’apparition, et faillis penser que mon imagination seule avait enfanté cette figure. Le lendemain, je revins à la bibliothèque sans m’inquiéter de ce qui avait dû se passer lorsque les gardiens avaient trouvé la porte ouverte et la serrure brisée. Tout était désert et silencieux dans la salle, la porte était fermée au loquet seulement, comme je l’avais laissée, et il ne paraissait pas qu’on se fût encore aperçu de l’effraction. J’entrai donc sans résistance, je refermai la porte sur moi, et je commençai à parcourir de l’œil les titres des livres qui s’offraient en foule autour de moi. Je m’emparai d’abord des écrits d’Abeilard, et j’en lus quelques pages. Mais

  1. Voyez les nos du 15 octobre et du 1er  novembre 1838.