Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 16.djvu/569

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
Séparateur



14 novembre 1838.


Chacun a pris un rôle différent dans la comédie que joue le parti doctrinaire. Les uns font de l’hypocrisie religieuse ; les autres, de l’hypocrisie politique. Aujourd’hui, c’est le tour de M. Duvergier de Hauranne, qui a pris pour texte la corruption. Il faut avouer que, pour ceux qui connaissent les doctrinaires et qui les ont vus à l’œuvre, cela sonne étrangement, que de les entendre crier à la corruption. Quand M. Duvergier s’est fait le champion bénévole de la chambre, quand il a voulu établir, dans l’espoir que cette chambre l’en récompenserait en rendant le pouvoir à son parti, que la chambre élective est tout, absolument tout dans l’état, tandis que les autres pouvoirs ne sont et ne doivent être rien que des simulacres de pouvoirs, institués pour baisser humblement la tête dans toute occasion, M. Duvergier faisait une chose qui pouvait passer pour habile. Mais aujourd’hui que M. Duvergier passe de la défensive à l’offensive, pour le compte de la chambre élective, dont il s’est fait avocat d’office, nous l’avertissons que, dans les intérêts même de son parti, il s’est avancé trop loin ; car la chambre n’a pas dessein de détruire le pouvoir royal, pas plus pour augmenter son propre pouvoir que pour rétablir le pouvoir dans les mains du parti doctrinaire.

Le nouvel écrit de M. Duvergier de Hauranne, à le juger par les nombreux fragmens qu’il a fait fraternellement distribuer, avant la publication, aux journaux de la gauche, peut se diviser en trois parties distinctes, en trois points d’un même sermon, liés, non par quelque vertu chrétienne, comme la charité, mais par la haine la plus âcre et la mieux conditionnée. Les attaques de M. Duvergier s’adressent donc très méthodiquement, et par une gradation tout-à-fait oratoire :

Au roi,

Aux ministres,

Aux défenseurs de l’ordre public et de l’intégrité du gouvernement.

Quant à la chambre des pairs, M. Duvergier de Hauranne n’en parle même plus. Il pense, sans doute, l’avoir rayée pour toujours de la liste des pouvoirs, par ses écrits sur l’omnipotence de la chambre des députés.

M. Duvergier de Hauranne marche sans façon et sans scrupule à son but, qui est d’établir que la royauté usurpe le pouvoir exécutif, que le pouvoir