« ces vers-là ne me plaisent pas dans Delille : les côtes vineuses, les grappes paresseuses ; voici qui est mieux, je crois :
Et des derniers soleils la chaleur affaiblie
Sur les coteaux voisins cuit la grappe amollie. »
L’enclos où la serpette arrondit le pommier,
Où la treille en grimpant rit aux yeux du fermier,
Ou encore, dans ce verger baigné de la Seine, au bruit de la vague expirante, il avait exprimé amoureusement, comme d’un seul soupir, la muse de l’antique idylle,
Enflant près de l’Alphée une flûte docile ;
Insensiblement on parlait des choses publiques. M. Villemain avait été chargé d’un éloge de Duroc qui devait le produire près de l’empereur. Il s’y trouvait un portrait de l’aide-de-camp, piquant, rapide, brillamment enlevé ; l’autre jour, le délicieux causeur, avec une pointe de raillerie, nous le récitait encore ; rien que ce portrait-là portait avec lui toute une fortune sous l’empire ; mais y avait-il encore un empire ? Et si M. Villemain qui déjà, dans sa curiosité éveillée, lisait Pitt, Fox, venait à en parler, et se rejetait à l’espoir d’un gouvernement libre et débattu comme en Angleterre : « Allons, allons, lui disait M. de Fontanes, vous vous gâterez le goût avec toutes ces lectures. Que feriez-vous sous un gouvernement représentatif ? Bédoch vous passerait ! » Mot charmant, dont une moitié au moins reste plus vraie qu’on n’ose le dire ! N’est-ce pas surtout dans les gouvernemens de majorité, si excellens à la longue pour les garan-
- ↑ On peut dire de ces vers, comme de tant de vers bien frappés de Boileau, ce que Fontanes a dit lui-même quelque part dans son Commentaire (imprimé) sur J.-B. Rousseau : « Il n’y a pas là ce qu’on appelle proprement harmonie imitative ; mais il existe un rapport très sensible entre le choix des expressions et le cactère de l’image. » On confond un peu tout cela maintenant.