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REVUE. — CHRONIQUE.

égoïsme dans la force du mot, car la France a profité réellement de cette politique. Ceux qui l’ont pratiquée nous diront, sans doute, s’ils engagent aujourd’hui la France à passer par-dessus les traités.

Au reste, la discussion sera libre, et le champ bien vaste, pour le centre gauche comme pour les doctrinaires ; car ceux-ci ne sont pas engagés par leurs déclarations, nous nous hâtons de le reconnaître. En ce qui est de l’intervention d’abord, M. Guizot avait dit à la chambre, dans la dernière session, et en citant d’anciennes paroles, que ce serait, de la part du gouvernement, un acte de grande imprudence que d’engager l’avenir. Pour la réforme électorale, M. Duvergier de Hauranne et les autres écrivains du Journal Général ont seulement dit que le moment ne leur semblait pas venu. Il a pu venir. Ainsi, des lois de septembre, l’abrogation, ne leur semblait pas opportune. Or, d’un moment à l’autre, l’opportunité peut se déclarer. Que les doctrinaires votent donc librement contre le ministère sur toutes ces questions. Le ministère est seul engagé. Il est opposé, comme il l’était l’année dernière, à l’intervention, à la réforme, à l’abolition des lois de septembre. Il combattra ouvertement ces projets. Encore une fois, le parti doctrinaire a toute liberté de voter pour ou contre ; mais qu’il le fasse ouvertement, afin qu’on sache s’il y a encore un parti conservateur hors du pouvoir et contre lui, ce qu’il est permis de révoquer en doute.

Quant au programme du ministère, deux jours encore et il sera connu. Sa politique extérieure n’est pas changée, on nous l’assure, et c’est sans peine que nous le croyons. Les actes qu’il a faits en conséquence, il les justifiera à la tribune, les traités et les pièces en main. Pour les questions intérieures, on le dit décidé à proposer la conversion dès que la solution de l’affaire belge nous aura donné la tranquillité nécessaire pour une opération aussi gigantesque. Nous demandions dernièrement une notable diminution des fonds secrets, et nous avons su depuis que nous n’avions fait que prévenir les vues du cabinet. On sait aussi qu’il a préparé des mesures efficaces pour venir au secours des entreprises des chemins de fer, et pour réparer autant qu’il est en lui les erreurs de l’opposition qui a combattu si opiniâtrement les projets du gouvernement, et les travaux par l’état. Enfin, les projets de loi sur l’amélioration des prisons, sur les sucres et d’autres questions d’intérêt public, sont préparés et n’attendent que l’assentiment de la chambre. Il se peut que l’opposition entrave ces projets comme elle en a entravé de semblables dans la dernière session ; mais n’a-t-elle pas remède à tout par l’abolition des lois de septembre et par le suffrage universel ?