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REVUE DES DEUX MONDES.

mille à deux cent vingt mille habitans[1] ; aujourd’hui c’est, après Londres, la plus importante ville du Royaume-Uni.

La population de Glasgow et de sa banlieue industrielle, dans laquelle nous devons comprendre Paisley, ville de soixante mille habitans, Renfrew, Dumbarton, Lanark, Port-Glasgow et Greenock, s’élève à près de quatre cent cinquante mille ames. Aussi remarque-t-on dans les environs de Glasgow et dans la ville elle-même bien plus de mouvement qu’à Édimbourg. C’est sur une moindre échelle la vie de Londres. Il y a, du reste, analogie entre la position des deux villes, placées toutes deux sur une rivière navigable, le long des rives de laquelle, au centre même de la ville, est amarré un triple rang de navires de tous les tonnages et de toutes les nations. Les quartiers commerçans de Glasgow, comme les quartiers de la Cité à Londres, sont placés à l’est, et les quartiers neufs au sud et à l’ouest. La Clyde, il est vrai, n’a pas la vaste étendue de la Tamise ; mais elle est bordée de magnifiques quais que Londres doit envier à Glasgow. Ces quais sont plantés de plusieurs lignes d’arbres, et, de distance en distance, s’élèvent des hangars d’une élégante construction ; ces hangars servent d’entrepôts aux marchandises qu’on débarque. Il règne sur ce quai une activité extraordinaire ; matelots, commerçans, passagers, manœuvres, vont, viennent, s’arrêtent, s’interrogent, concluent des marchés ; des denrées de toute espèce sont embarquées ou débarquées ; les bois des îles, les caisses de thé arrivant de la Chine, les ballots de foulards de l’Inde, et les monstrueuses balles de coton de l’Amérique du Nord, que débarquent des navires nouvellement arrivés, se croisent avec les fers, les draps, les toiles et les étoffes du pays qu’on porte à bord des navires en chargement. Tout ce mouvement a lieu sans désordre et surtout sans tumulte. Cette population est grave, peut-être parce qu’elle est occupée ; à peine, de distance en distance, entend-on le chant de quelque matelot d’humeur joviale et les cris que poussent en mesure les hommes occupés au chargement des navires.

Mais remontons à l’origine de tout ce mouvement, à la source de ces richesses, visitons les quartiers manufacturiers de la ville, entrons dans l’une de ces immenses manufactures de cotons imprimés qui, chaque année, fabriquent assez d’étoffes peintes pour habiller les trois quarts de l’Écosse. Qu’on se figure quelque vaste citadelle du moyen-âge, quelqu’une de ces lourdes et spacieuses bâtisses aux grands murs tout nus, percés d’étroites meurtrières, flanqués aux angles de tours en briques rousses, dont quelques unes ont trente pieds de diamètre à leur base, et cent cinquante pieds de haut, deux fois la hauteur de l’obélisque de la place de la Concorde. Ces hautes tours sont tout simplement les cheminées des fourneaux, et il y a

  1. 1611 
    7,644 habitans
    1780 
    42,000
    1801 
    84,000
    1820 
    150,000
    1836 
    230,000