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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 17.djvu/208

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SPIRIDION.

DERNIÈRE PARTIE.[1]

— Père Alexis, lui dis-je, vous eûtes sans doute quelque peine à reprendre les habitudes de la vie monastique ?

— Sans doute, répondit-il, la vie cénobitique était plus conforme à mes goûts que celle du cloître ; pourtant j’y songeai peu. Une vaine recherche du bonheur ici-bas n’était pas le but de mes travaux ; un puéril besoin de repos ou de bien-être n’était pas l’objet de mes désirs ; je n’avais eu qu’un désir dans ma vie : c’était d’arriver à l’espérance, sinon à la foi religieuse. Pourvu qu’en développant les puissances de mon ame, j’eusse pu parvenir à en tirer le meilleur parti possible pour la vérité, la sagesse ou la vertu, je me serais regardé comme heureux, autant qu’il est donné à l’homme de l’être en ce monde ; mais, hélas ! le doute à cet égard vint encore m’assaillir, après le dernier, l’immense sacrifice que j’avais consommé. J’étais, il est vrai, plus près de la vertu que je ne l’avais été en sortant de ma retraite. Fatigué de cultiver le champ stérile de la pure intelligence, ou, pour mieux dire, comprenant mieux l’étendue de ce vaste domaine de

  1. Voyez les nos des 15 octobre, 1er et 15 novembre 1838, 1er janvier 1839.