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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 17.djvu/385

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REVUE LITTÉRAIRE

DIANE ET LOUISE.
PAR M. F. SOULIÉ.

Sous le titre général de Six mois de Correspondance, M. Frédéric Soulié a réuni deux récits parfaitement distincts. L’histoire de Diane de Chivri et l’histoire de Louise Cerneil forment deux romans complets. Le premier de ces deux romans est, selon nous, très supérieur au second. Quant au cadre épistolaire dans lequel l’auteur a cru devoir les placer, nous ne saurions l’approuver. Les motifs qui ont décidé son choix nous semblent sans valeur. Ayant à faire, sur la société au milieu de laquelle nous vivons, de tristes révélations, il n’a pas voulu que le lecteur pût le confondre avec ses personnages, et pour éviter ce désagrément, pour échapper en même temps aux accusations et aux louanges, pour défier le reproche de perfidie et de fatuité, il a placé ces deux récits dans la bouche de deux amis. À notre avis, cette fiction est fort inutile et n’empêchera pas le lecteur de se livrer à des conjectures de toute sorte. Ceux qui ne se contentent pas d’être émus et qui veulent savoir l’origine de leurs émotions, qui ne croient à la légitimité de leur plaisir qu’après avoir fait la part de l’imagination et la part de la réalité, ne manqueront pas, malgré la présence des deux narrateurs derrière lesquels M. Soulié se réfugie, de mettre sur le compte de l’auteur la moitié ou les deux tiers des sentimens et des aventures qui remplissent ces deux volumes. Ce cadre épistolaire, tel du moins que l’a conçu M. Soulié, offre d’ailleurs un autre inconvénient. Il offre au lecteur des personnages qui ne peuvent