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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 17.djvu/39

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SPIRIDION.

QUATRIÈME PARTIE.[1]

Le lendemain, il ne me restait de cette nuit affreuse qu’une lassitude profonde et un souvenir pénible. Les diverses émotions que j’avais éprouvées se confondaient dans l’accablement de mon cerveau. La vision hideuse et la céleste apparition me paraissaient également fébriles et imaginaires ; je répudiais autant l’une que l’autre, et n’attribuais déjà plus la douce impression de la dernière qu’au rassérénement de mes facultés et à la fraîcheur du matin.

À partir de ce moment, je n’eus plus qu’une pensée et qu’un but, ce fut de refroidir mon imagination, comme j’avais réussi à refroidir mon cœur. Je pensai que, comme j’avais dépouillé le catholicisme pour ouvrir à mon intelligence une voie plus large, je devais dépouiller tout enthousiasme religieux pour retenir ma raison dans une voie plus droite et plus ferme. La philosophie du siècle avait mal combattu en moi l’élément superstitieux ; je résolus de me prendre aux racines de cette philosophie ; et, rétrogradant d’un siècle, je remontai aux causes des doctrines incomplètes qui m’avaient séduit. J’étudiai Newton, Leibnitz, Keppler, Malebranche, Descartes surtout, père des géomètres,

  1. Voyez les nos des 15 octobre, 1er et 15 novembre 1838.