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pour la représenter, lui continue encore ses pouvoirs. Quelque indulgente, en effet, que nous la supposons envers ses mandataires, elle reconnaîtra sans doute que M. de Cassagnac, en ne s’appelant que frivole et léger, ne s’est pas traité aussi modestement qu’il le croyait.

De tout ce que nous de venons dire, concluons deux choses : la première qu’il n’y avait point, qu’il ne pouvait point y avoir de littérature des esclaves ; la seconde, que l’homme, transformé en citoyen par la baguette du préteur, pouvait cultiver le genre de littérature que bon lui semblait, à la convenance de son talent ou au gré de son génie ; et de ces deux prémisses, il découlera la conséquence rigoureuse qu’il n’y avait pour les affranchis, comme pour les gentilshommes, qu’une seule et même littérature. Mais des conclusions que la science nous fournit, il doit encore résulter la confirmation de ces grandes vérités morales, que si l’esprit de l’homme est capable de renverser les premières barrières que les préjugés lui opposent, il ne se développe et prend son essor qu’à la condition d’habiter un corps libre ; et que si la société a fondé ses distinctions sur la naissance et sur la fortune, toujours la nature, dans la distribution des biens intellectuels, s’est jouée de ces vaines démarcations, et s’est plu même fort souvent à créer une aristocratie en sens inverse de la première, relevant ainsi la dignité de l’homme et replaçant à son véritable rang la seule supériorité qui soit acceptée de tous, parce qu’elle n’est usurpée sur personne, la supériorité de l’intelligence.


J. P. Rossignol.