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REVUE. — CHRONIQUE.

l’opposition fait ajourner en Belgique la question de l’acceptation du traité des 24 articles, et s’efforce de la retarder jusqu’après les élections de France, dans l’espoir que le ministère sorti de la coalition soutiendra le parti de la résistance au traité. Or, il n’y a qu’une manière de résister au traité : c’est de prendre les armes, et l’opposition belge, plus franche que la nôtre, l’entend bien ainsi.



LETTRE
SUR LES AFFAIRES EXTÉRIEURES.
XII.
Monsieur,

Je ne m’attendais pas, je vous l’avouerai, à voir figurer la question du Mexique au nombre des griefs de la coalition contre le ministère du 15 avril. Non-seulement il a eu raison de recourir à la force pour obtenir du gouvernement mexicain des indemnités pécuniaires, des satisfactions d’honneur national, des garanties de commerce, de navigation et de libre établissement au Mexique, réclamées et promises en vain depuis trop long-temps ; mais, dans la forme, dans l’exécution même de ses desseins, il a dû agir entièrement comme il l’a fait, ne commencer la guerre qu’après avoir épuisé les autres moyens de contrainte, et ne pas donner à une expédition, dont le but était nettement défini, le caractère aventureux d’une conquête. Tous les reproches qu’on lui a faits à chaque phase nouvelle de cette entreprise, ne prouvent absolument qu’une chose, c’est qu’une opposition systématique, bien décidée à ne tenir compte ni de la vérité, ni de la justice, ni de la dignité nationale, ne manquera jamais de sophismes pour dénaturer les faits les plus simples, ni d’argumens pour tout combattre. Il s’agit de ne pas être difficile sur les moyens, et de supposer au public assez de docilité ou d’ignorance pour ne pas l’être davantage.

Nos premiers différends avec le Mexique remontent à une époque déjà éloignée ; ils sont antérieurs à la révolution de juillet, et le gouvernement de la restauration prenait ses mesures pour les terminer de gré ou de force, quand eut lieu la dernière tentative de l’Espagne pour reconquérir cette ancienne et belle colonie. L’entreprise ne réussit pas : elle était misérablement combinée et fort mal conduite ; Santa-Anna, qui fut chargé de combattre les trois mille Espagnols débarqués à Tampico, y gagna sans peine et à bon marché le titre de héros libérateur et la meilleure partie de cette popularité dont il a fait un si triste usage pour le bonheur de son pays. Mais ce dernier et inutile effort de l’Espagne contre le Mexique arrêta le gouvernement de la restauration au moment où il allait entreprendre de ce côté quelque chose pour