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LETTRES SUR L’ÉGYPTE.

quantités importées. Il y a plusieurs foires, entre autres celle de Tantah, où l’on vient de tous les pays pour acheter les articles de ce dépôt. Les djellabs les transportent aussi dans le Sennaar et le Darfour, où ils les échangent contre des esclaves, de la poudre d’or, des plumes d’autruche, des kourbachs. Les envois en Syrie et dans l’Hedjaz sont faits ordinairement par des négocians cophtes ou arabes.

Le dépôt des denrées orientales était très considérable, soit pour la quantité, soit pour la variété des articles, alors que tout le commerce de l’Inde passait par l’Égypte. Il est aujourd’hui bien réduit, surtout pour la quantité. Il se compose de :

1o  Myrrhe, encens, benjoin, baume de la Mekke, gomme djedda, copale, adragante, turrique, iambo, venant de l’Arabie ;

2o  Assa-fœtida, cardamome, curcuma, coques, cassia-lignea, venant de l’Yemen ;

3o  Galanga, zédoaire, turbith, gingembre, cannelle, noix muscades, noix vomiques, venant de l’Inde ;

4o  Écailles de tortue, nacre, venant de la mer Rouge ;

5o  Musc, venant de l’Inde et de l’Abyssinie ;

6o  Schals, tapis, étoffes soie et or, venant de l’Inde et de l’Hedjaz ;

7o  Plumes d’autruche, poudre d’or, tamarin, coloquintes, cire, kourbachs, natron de montagne, grandes outres, racine de chichen, venant de l’intérieur de l’Afrique.

Toutes les marchandises venant de l’Inde entrent aujourd’hui dans ce dépôt pour des quantités fort minimes. Quant aux produits de l’Arabie et de l’intérieur de l’Afrique, leur chiffre est à peu près ce qu’il était autrefois. Quelques articles de ce dépôt s’exportent pour Constantinople, la Grèce et la côte d’Afrique, conjointement avec les produits égyptiens. Constantinople envoie, en échange, des tissus brodés, des babouchs, des objets de luxe pour les femmes ; la Grèce, ses huiles et ses fruits ; la côte d’Afrique, ses tarbouchs et ses couvertures de laine.

Il est difficile de connaître, dans tous ses détails, la valeur précise du mouvement annuel de ce dépôt. On peut l’estimer d’une manière générale par le revenu des douanes de la mer Rouge et de la Haute-Égypte.

Douane de
Suez 
2,500,000 piastres.
    
Kosséir 
1,500,000
    
Déraoui 
150,000
    
Siouth 
35,000
4,185,000 piastres.

Les droits perçus dans ces différentes localités ne sont pas fixes ; mais, en estimant à 10 pour 100 le revenu total de la douane, on aura une approximation assez exacte. La valeur des marchandises serait donc de 41,850,000 piastres, ou 11,000,000 de francs environ. On peut prendre les deux tiers de cette somme pour les importations, la balance s’établissant ordinairement